Antonio Pigafetta, le premier écrivain qui fit le tour du Monde !

Le Saounien Bernard Foray-Roux publie son dixième roman sur un personnage méconnu.

Magellan a quitté l’Espagne en 1519 avec cinq bateaux et deux-cent-trente-sept hommes pour trouver une route des Indes passant par l’ouest. Le 21 décembre 1521 ne rentrera à Séville qu’un seul bateau avec dix-huit survivants. Un homme, Antonio Pigafetta, a vécu puis raconté cette incroyable voyage. L’écrivain de Saoû, Bernard Foray-Roux, présente cette aventure dans son dernier roman historique.

Le Crestois : Depuis quelques années, vos ouvrages parlent essentiellement de la mer, des marins et d’une période bien particulière le début du XVIe siècle.

Bernard Foray-Roux : La mer et les marins viennent de ma passion pour la navigation à voile. Le début du XVIe siècle marque un basculement dans l’histoire de la marine. Notre marine, essentiellement méditerranéenne auparavant, était une marine à rames du fait de l’inconstance des vents et des petites distances à parcourir. Lorsque les Européens, principalement les Espagnols et les Portugais, vont commencer à parcourir le globe en tous sens, ils vont développer la navigation à la voile et le tonnage des navires. Ils vont, aussi, se partager le monde au grand dam des autres nations, ce qui entraînera l’apparition des corsaires et la prolifération des pirates.

Mais Magellan était Portugais et, pourtant, il travaillait pour le Roi d’Espagne ?

C’était fréquent ! Christophe Colomb ou Andrea Doria étaient des Génois au service du roi d’Espagne. Kereydine Barberousse était un Barbaresque devenu amiral de Soliman le Magnifique. Les rois d’Europe ou les riches armateurs privés, comme Jean Ango (dont je parle dans mon roman Les Tiboulen) débauchaient les meilleurs navigateurs.

Et que vient faire Pigafetta dans l’histoire de Magellan ?

C’est un peu un mystère ! Il est né à Vicenza, en Italie, et on ne sait pas grand-chose de sa jeunesse. Il rejoint l’équipage de Magellan sur recommandation de son protecteur, mais le Portugais n’en a pas besoin, même s’il sait lire et écrire. Du coup, il choisit librement de s’occuper en décrivant les pays et les peuples qu’ils rencontrent. C’est un ethnologue avant l’heure !

Il a aussi une passion pour les langues ?

Oui, il réalise de petits dictionnaires pour chaque langage rencontré et devient, de facto, l’interprète de Magellan et même son émissaire auprès des souverains locaux.

Et l’épopée vire au tragique ?

Magellan va rencontrer tous les obstacles possibles : les tempêtes, les mutineries, les cannibales, le scorbut, la famine, l’hiver austral et tout cela dans des mers quasiment inexplorées, ce qui lui fait passer – et perdre – beaucoup de temps à trouver sa route. Il finira tragiquement, tué par des îliens, mais surtout par orgueil. Après sa mort, l’aventure tourne à la débandade jusqu’à ce que les survivants rentrent en Espagne dans un état lamentable.

Et Pigafetta, que devient-il ?

Il était apparu un peu par hasard et il disparaîtra de même. Le roi Charles Quint, devenu Empereur, lui donne quelques honneurs et on n’en entendra plus parler, hormis ce livre de bord qui reste disponible, et quelques traces que je suis allé chercher en Italie et en Espagne.

Il reste aussi le seul bateau du retour ?

Sa reproduction à l’identique : la Victoria que je devais visiter cet été à Paimpol, mais qui a été détournée par la tempête. Décidément !

Et maintenant ? Un nouveau projet ?

Oui, je vais retrouver mon autre univers de prédilection : la montagne. Je travaille sur un livre consacré à mes montagnes préférées dans la Drôme et à quelques montagnards drômois. Il est en cours de finalisation mais j’ai toujours le plaisir de randonner sur ces sommets magnifiques.

Article publié dans Le Crestois du 24 novembre 2023

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