Lucien Vogel, de la mode à la guerre d’Espagne
Pierre Lazareff, Robert Hersant, Jean-Louis Servan Schreiber... Il est des patrons de presse français du XXe siècle que l’histoire a retenu. Lucien Vogel ne fait pas partie de ceux-là, et pourtant, son influence sur le secteur est remarquable. Cela n’a pas échappé à Jacques Mouriquand, journaliste installé à Beaufort-sur-Gervanne, animateur de TV Val de Drôme, qui s’est attelé à écrire sa biographie dans un livre intitulé Lucien Vogel, De la mode à la guerre d’Espagne.
Lucien Vogel, né en 1886 à Paris fait ses premières armes dans la presse à partir de 1903 comme maquettiste au sein du groupe Hachette. Très ambitieux, il veut diriger des journaux. Son premier grand projet est lancé en 1912, la Gazette du bon ton, magazine mondain consacré à la mode qui révolutionne le genre grâce à des illustrations de grands dessinateurs. Une nouvelle tendance alors scrutée… depuis les États-Unis. Car Lucien Vogel a depuis quelques années déjà noué des liens avec le magnat américain des médias Conde Nast (Vogue, Vanity fair, The New Yorker…), qui lui rachètera la Gazette du bon ton en 1921. Il est alors chargé de lancer la version française de Vogue.
Mais le bébé de Vogel, c’est le magazine VU, qu’il lance en 1928, précurseur des grands magazines d’information qui suivront. « Si Vogel n’avait pas fondé VU, je n’aurai fondé Life », déclara Henry Luce, patron de l’un des plus grands magazine au monde, à la mort de Vogel en 1954. Couvertures qui claquent, large place accordée à la photographie et au grand reportage… C’est un succès.
Homme de son temps, il s’est appuyé sur les révolutions techniques et les pratiques du moment, comme le photojournalisme en s’attachant les services de grands professionnels comme Robert Capa : VU, c’est aussi des choix éditoriaux engagés à travers des articles qui feront date, par exemple, sur le début du régime nazi et les premiers camps de prisonniers en 1933 ou la guerre d’Espagne.
Exilé aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, il décède d’une crise cardiaque en 1954. Ce destin inédit est raconté avec passion par Jacques Mouriquand, qui s’est largement documenté sur le personnage et son époque. Cela se dévore.
Clément Chassot
LUCIEN VOGEL,
DE LA MODE À LA GUERRE D’ESPAGNE
Biographie de Jacques Mouriquand
Éditions Ampelos
Article publié dans Le Crestois du 19 juillet 2024