Alexis Muston, sa vie, son œuvre
Jean-Paul Issartel publie une biographie du célèbre pasteur bourdelois décédé en 1888.
« C’est la personnalité à mon avis la plus émérite de Bourdeaux. » Jean-Paul Issartel, directeur de recherche au CNRS à la retraite et « passionné d’histoire régionale », est l’auteur d’une biographie sortie en mars dernier sur Alexis Muston, pasteur de Bourdeaux durant 51 ans – de 1836 jusqu’à sa mort en 1888. Intitulée Alexis Muston : pasteur, dessinateur, médecin, écrivain, historien, elle retrace la vie de ce personnage émérite et singulier, qui a marqué de manière indélébile le Pays de Bourdeaux, « le canton le plus protestant du Dauphiné au XIXe siècle », rappelle l’auteur. Grâce à une large documentation, recueillie notamment auprès des descendants d’Alexis Muston, Jean-Paul Issartel publie un livre de 52 pages, en couleur, avec 80 illustrations, dont certaines sont inédites.
Alexis Muston est né en 1810 dans le Piémont. Après des études de théologie à Lausanne et à Strasbourg, il devient pasteur en 1833 et publie cette année-là un ouvrage sur le mouvement protestant des Vaudois, ce qui lui attire les foudres de l’évêque catholique de Pignerol, qui le déclare hors-la-loi. Il s’enfuit alors en France, en passant de nuit en plein hiver par le col Lacroix, dans le Queyras et devient enseignant à Nîmes. Apprenant qu’un poste de pasteur se libère, il part pour Bourdeaux en 1836. Pendant ses 51 ans de service, il marquera le territoire en reconstruisant de nombreux temples détruits au XVIIe siècle.
IMMORTEL
« Alexis Muston est lié à tout un tas d’évènements remarquables », remarque Jean-Paul Issartel, qui revient par exemple dans son ouvrage sur le rôle joué par le pasteur lors de l’insurrection de Crest en 1851. Pour l’auteur, Muston était surtout « un écrivain farouche ». En plus de livres, d’articles écrits dans la presse locale et de poèmes, il a tenu un journal intime tout au long de sa vie, dont deux mille pages ont été conservées par ses descendants. Le pasteur, « charmeur et beau parleur », a aussi entretenu des correspondances avec de grands personnages de son temps : les écrivains Victor Hugo, Alexandre Dumas, Georges Sand, ou encore l’historien Jules Michelet.
L’influence d’Alexis Muston à Bourdeaux est encore bien présente. Il est en effet, à travers un poème, à l’origine de la légende d’Alberte de Poitiers. « Ce poème a été repris en 1961 par le pasteur de Bourdeaux de l’époque, Gérard Cadier, qui a institué la fête médiévale que l’on connaît aujourd’hui avec un défilé moyenâgeux qui retrace cette histoire chevaleresque, explique Jean-Paul Issartel. Un défilé qui a eu lieu depuis tous les ans, sauf pendant la période Covid. » Une vie et un destin à part à (re)découvrir en détail dans ce livre édité par la maison du protestantisme du Dauphinois de Poët-Laval et disponible pour 12 euros à l’office de tourisme de Bourdeaux et à la librairie la Balançoire de Crest.
Clément Chassot
Article publié dans Le Crestois du 26 juillet 2024