Quand nous étions des lucioles
Derrière ce beau titre au parfum de Japon se cache un roman en provenance directe du continent africain.
L’auteur y parle d’amour, de mort, d’esprits et d’hommes et de femmes vivants dans le Nigéria d’aujourd’hui.
Après les premières pages au style assez pesant, avec des métaphores lourdes comme de la crème au beurre, l’écriture s’allège rapidement au fur et à mesure que l’auteur, et nous à sa suite, se plonge dans son histoire intense, teintée de réalisme magique.
Le personnage principal, peintre, est en proie à des réminiscences de ses vies antérieures : par deux fois il fut assassiné dans son jeune âge, par deux fois à cause de l’amour d’une femme. Arrivera-t-il à échapper à cette malédiction et vivre enfin jusqu’au bout son amour naissant avec la belle et impertinente tatoueuse rencontrée par hasard ?
À cela s’ajoute le poids des traditions, jamais favorables aux femmes bien sûr, des guerres incessantes au nom de la religion ou de la race, ou de Boko Haram, ce mouvement fou furieux qui détruit l’âme de tout être humain s’en approchant, de gré ou de force.
Les personnages sont attachants et bien caractérisés, l’humour est présent malgré la noirceur du propos. Le pays apparaît en toile de fond, les évènements ayant bouleversé le Nigéria à diverses époques sont évoqués par petites touches donnant envie de revisiter l’histoire coloniale et postcoloniale du Sahel dans son entier. Encore un beau voyage au bilan carbone exemplaire !
Franswaz Rochette
Quand nous étions des lucioles
Roman d’Abubacar Adam Ibrahim
Éditions Julliard (2024)
Article publié dans Le Crestois du 18 octobre 2024