Tombée du ciel
Une fille de quatorze ans écrit du fond du service de pédopsychiatrie où elle est internée depuis des mois. Elle raconte ce qu’elle et les autres jeunes filles anorexiques vivent, la rage qu’elle ressent envers le personnel soignant, ses parents, tous ces adultes qui jamais ne l’écoutent réellement.
Sissi, sa voix intérieure, l’exhorte à ne plus manger, pour se punir d’être si grosse, si nulle, si malfaisante, c’est une entreprise de sabotage version XXL qui voudrait l’entraîner jusqu’au suicide, envisagé comme seul acte libre qui lui reste.
Basée sur l’adolescence de l’autrice, cette fiction est glaçante, dérangeante et salutaire. Comme le disent ses compagnes de supplice, il est temps de dire en pleine gueule au monde ce que l’on fait subir à des enfants : médication extrême et non expliquée, gavage forcé, chambre d’isolement et tout un tas de brimades quotidiennes, tout cela dans le secret le plus profond, car en réalité, personne ne veut savoir, à moins d’être confronté directement au problème.
Le récit se situe dans les années 90 ; je n’ai aucune idée de l’évolution de la prise en charge de l’anorexie. Mais je sais le poids du silence qui pèse sur les personnes atteintes de troubles psychiatriques et leurs proches. Pas facile de parler de ça, encore en 2024. Alors si ce premier roman, par ailleurs écrit dans un style nerveux et sans emphase, permet de faire éclater cette bulle de secret poison, la littérature aura fait preuve de son utilité, une fois de plus.
Franswaz Rochette
Tombée du ciel
Roman d’Alice develey
L’Iconoclaste (2024)
Article publié dans Le Crestois du 25 octobre 2024