
Le Clan, le Vercors en noir et blanc
Le photographe Benjamin Béchet a passé quatre ans à capturer le milieu naturel du massif et ceux qui l’habitent.
Entre 2020 et 2024, Benjamin Béchet arpente le Vercors, à la découverte de sa richesse naturelle et, au gré des rencontres, avec ceux qui y vivent. Au début, le photographe de 47 ans n’est pas encore installé à Die, comme aujourd’hui. Il habite à Marseille et, lauréat de la grande commande de photojournalisme de la Bibliothèque nationale de France « Radioscopie de la France », il travaille alors sur les forêts. Plus globalement, il « creuse le sillon du rapport que nous entretenons au milieu naturel » explique-t-il au Crestois, en explorant la problématique qui oppose protection des milieux et développement économique. Le Vercors l’a tout de suite séduit et fait donc l’objet aujourd’hui d’un ouvrage photographique, Le Clan, publié en juin 2025 aux éditions André Frère, une maison indépendante qui se consacre à la photographie et à l’art.

Un cerf mort dans une souille dans la réserve biologique intégrale des Hauts-plateaux du Vercors. Il est possiblement mort d’épuisement après le brame.
Plus de soixante-dix clichés, tous en noir et blanc, composent ce très bel objet au design léché. L’ambition du photographe est de montrer, à travers des scènes d’exploitation, de protection ou d’observation de la nature, l’essence de cette terre un peu à part et comment elle est habitée, en englobant le plus grand nombre : forestiers, naturalistes, chasseurs, scientifiques, bûcherons agriculteurs… Des gens qu’il rencontre au gré de ses balades. « Je voulais dépasser la dualité entre chasseurs et naturalistes. Le Vercors s’y prête bien, avec un parc naturel régional où l’on trouve des intérêts parfois contradictoires entre développement et protection du territoire. D’où, aussi, ce nom : le Clan. »
Pourquoi le noir et blanc ? « Je voulais me débarrasser du côté paysage de cartes postales, dit-il. Le noir et blanc donne une certaine unité, au-delà des saisons, permet de lisser les lieux et de rendre compte d’un monde plus unitaire. » Des touristes en admiration, des agriculteurs en action, un chasseur sur la piste d’un chamois, des portraits d’habitants, un cerf mort recouvert de neige (peut-être d’épuisement à la suite du brame)… La palette est large, absorbante.

Un cheval broute une prairie vers Saint-Martin-en-Vercors
UNITÉ
Originaire de Haute-Savoie, Benjamin Béchet est photojournaliste et grand reporter depuis plus de vingt ans. « La photo, c’est ma vie », assure-t-il. S’il s’est beaucoup tourné vers les sujets de société, le portrait est sa spécialité : il a photographié célébrités (le tennisman Stefanos Tsitsipas, l’écrivain Alain Damasio, le professeur Raoult…) ou anonymes pour de grandes revues françaises et étrangères. Il est aussi parti plusieurs fois à l’étranger pour des reportages, comme en Guinée Conakry lors d’une mission avec Médecins sans frontières pour se coller aux problématiques migratoires. Son dernier ouvrage a également fait l’objet d’une publication en mai dernier dans la revue hebdomadaire du Monde, M Le Mag.
Le Clan est disponible à la vente dans toutes les bonnes librairies, dont Mosaïque à Die et la Balançoire à Crest. Il est aussi possible de commander l’ouvrage sur le site web de l’éditeur : andrefrereditions.com.
Clément Chassot
Le Clan, André Frère éditions
120 pages, 39 euros.
Plus d’infos : benjaminbechet.com

Régis Picavet, paléontologue, observe les racines d'un Chablis.
Article publié dans Le Crestois du 25 juillet 2025
Photos : Benjamin Béchet