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Le grand retour du vinyle

Depuis 7 ans, les ventes de disques vinyles ne cessent de progresser. Phénomène de mode ?

Il faut bien se rendre à l’évidence : le disque vinyle est de retour dans l’industrie musicale et sa nette progression en chiffre de ventes ces dernières années montre que cette tendance se situe bien au-delà d’un simple phénomène de mode. Que se passe-t-il ?

Un peu d’histoire pour bien comprendre. Le 33 tours voit le jour en 1948, en remplacement du 78 tours qui avait une durée d’écoute par face trop réduite. Il faut attendre 1982, date de lancement d’un certain Compact Disc par Sony et Philips, pour que sa suprématie soit remise en cause. Le marché s’inverse alors : en quelques années, le 33 tours disparaît des bacs dans lesquels il trônait depuis 40 ans… À l’époque, les auditeurs privilégient un son plus clair, plus précis, que le CD permet. L’objet lui-même est plus petit, facilement transportable et échangeable.

L’explosion du format mp3 dans les années 2000 amorce la dématérialisation de la musique. Le son est compressé, il s’écoute, s’échange (illégalement) et se diffuse par ordinateurs. L’heure est à l’efficacité et au tout gratuit.

Puis, au début des années 2010, nouvelle révolution : les sites d’écoute en ligne comme Deezer, Spotify ou iTunes apparaissent. Désormais, il n’est même plus besoin de posséder physiquement un morceau pour l’écouter ou se constituer des listes de lectures accessibles depuis n’importe quel ordinateur, smartphone ou tablette. Les ventes de CD commencent dès lors elles aussi à fléchir.

Le support physique semble condamné. Et pourtant... à partir de 2012, un frémissement timide commence à s’observer dans le chiffre de ventes des vinyles.   À l’époque, beaucoup restent sceptiques : “Ce n’est qu’un phénomène de mode, ça va passer...” Sauf que... sept ans plus tard, la tendance s’est amplifiée dans des proportions incroyables ! En 2019, les ventes en France dépasseront largement les 4 millions d’exemplaires. Depuis 2015, en Angleterre, elles dépassent même les ventes de CD. Et le phénomène ne touche pas uniquement les quinquas nostalgiques, puisque  les moins de 50 ans représentent trois acheteurs sur cinq !

Dans les grandes surfaces culturelles (FNAC et autres grandes enseignes), le rayon vinyles a retrouvé sa place première. En grandes villes, les petits disquaires fleurissent. Plus aucun artiste aujourd’hui n’envisage de sortir un nouvel album sans sa version vinyle...

Comment expliquer un tel phénomène ? Selon moi, le pire ennemi de la musique numérique a été justement sa dématérialisation. En passant d’abord du vinyle au CD, puis au mp3, et enfin à la musique directement en ligne, on a dévalorisé peu à peu l’acte d’écouter de la musique. Désormais, n’importe où, n’importe quand, on ouvre le robinet et ça coule à flot sans qu’on sache exactement ce qu’on écoute. Ce mouvement est allé trop loin, et de plus en plus de gens aujourd’hui éprouvent le besoin d’un retour à plus d’authenticité. Écouter un vinyle, c’est enlever délicatement le plastique de protection, ouvrir la pochette en admirant l'image et le texte, se demander pourquoi cette photo et pas une autre, déposer avec le plus grand soin la galette sur la platine, poser le diamant avec précision sur les microsillons et s’installer dans son canapé pour un voyage sensoriel envoûtant. Un son chaud, rond, des craquements... on est loin du clic de souris sur une playlist Deezer !

Bref, passer au vinyle, c’est “re-sacraliser” l’instant musique, lui accorder enfin l’attention privilégiée qu’il mérite. Un peu comme s’installer confortablement pour ouvrir un bon bouquin. Se redonner enfin du temps...

Oui d’accord, me direz-vous, mais le son est-il meilleur que sur CD ? Objectivement : non. Il n’est ni meilleur ni moins bon, il est DIFFÉRENT. Le son numérique du CD est certes plus ciselé et limpide, mais, de ce fait, plus froid. Le son du vinyle est plus chaud, davantage organique. Ce n’est donc qu’une question de goûts...

Le retour en grâce du disque vinyle est aussi dû à la nostalgie d’acheter un bel objet auquel nous prenons soin comme d’un petit bijou précieux qui génère une gestuelle relative au matériel d’écoute : platines, ampli, baffles, etc. Presque un “fétichisme” des belles choses.

Mais tout n’est pas rose dans le tableau. Certaines maisons de disques, pour surfer sur le retour du vinyle, rentabilisent leur fonds de catalogue au détriment du son. Elles ne s’embêtent pas et rééditent des vinyles en copiant directement le CD ou le fichier numérique. Une malhonnêteté intellectuelle qui fait croire au consommateur qu’il peut retrouver un produit identique en qualité à son équivalent d’époque. Des disques heureusement facilement repérables : vendus peu chers et sans indications de “remastérisation”.

Pour finir, une info amusante : savez-vous que vous pouvez faire graver un vinyle à l’unité ? Cinq ou six sites proposent ce service sur internet. Pour environ 50 euros, il vous suffit d’envoyer vos fichiers et le graphisme de la pochette pour recevoir quelques jours plus tard un disque gravé et sa pochette imprimée. Si vous détenez chez vous les originaux achetés, vous pouvez légalement y mettre tous les morceaux que vous souhaitez. Une chouette idée cadeau pour l’élu(e) de son cœur ! J’ai testé ce service sur le site gravuredevinyls.fr et j’ai été très satisfait du résultat.

Le vinyle est revenu et il est là pour longtemps !

Philippe Multeau

Article paru dans Le Crestois du 15 février 2019

Comment s’équiper d’une platine :

Quel matériel ?

La première question à se poser est : mon amplificateur dispose-t-il d’une entrée “Phono”, spécifiquement prévue pour une platine vinyle ? Si vous ne la trouvez pas, il faudra vous tourner vers une platine pré-amplifiée qui peut ainsi se brancher à la place de votre lecteur CD ou sur n’importe quelle entrée auxiliaire.

Ensuite vient le choix du type de platine : manuelle ou automatique ? Avec une platine manuelle (le choix des puristes), c’est vous qui devrez placer manuellement le bras au début du disque et, une fois l’écoute achevée, venir remettre le bras de lecture à sa place de repos. Une platine automatique effectue les deux opérations toute seule !

Quel budget ?

Les prix des platines vont de 80 € à... 10 000 € ! Évitez l’entrée de gamme si votre ampli et vos enceintes sont de bonne qualité, ce serait vraiment dommage. Inutile, à l’inverse, de dépenser une fortune si votre installation audio n’est pas haut de gamme.

Si vous souhaitez une platine de bonne qualité sans trop vous ruiner, le budget raisonnable se situe autour de 250 euros, en privilégiant les marques réputées dans le domaine : Audio Technica, Denon, Technics, Dual, Thorens...

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