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Le voisin, pensée et perspectives

Confiné chez moi, je cherche inconsciemment, derrière ma fenêtre, une présence humaine ou animale, pour rompre cette monotonie ambiante.

Ce n’est qu’en levant mon regard au-dessus de cette marée noire que j’aperçois la Chapelle de Saint-Médard, toujours identique sur cette crête rocheuse de Rochecourbe aux Trois Becs. Saint-Médard se dévoile comme mon proche voisin, et j’imagine le rejoindre, au moins par la pensée.

De cet emplacement privilégié pour une vue très large, me voici bien installé pour analyser les nombreuses situations préoccupantes du moment. Cet intrus de coronavirus, à lui seul, pose beaucoup de questions à celles et ceux qui ne sont pas sourds.

Déjà cette obligation drastique d’abandon provisoire de nos habitudes et confort nous irrite sans nous convaincre. Comment se fait-il qu’une telle catastrophe mondiale puisse nous atteindre et aussi vite au XXIe siècle, alors que la matière grise de l’humanité ne cesse d’avancer dans ses recherches médicales, environnementales, planétaires, spatiales…

De ma position élevée, je visualise une grande distance de la vallée de la Drôme, ainsi que plusieurs tronçons de routes. Le cortège habituel de voitures multicolores a laissé beaucoup de place aux services d’ordre, ambulances et pompiers.

Cogitant sur ces faits inhabituels, mon regard évasif surprend un chamois, bien ancré sur un éperon rocheux, scrutant désespérément les alentours, concluant peut-être, lui aussi, l’absence de personnage venant l’épier. Même les oiseaux semblent étonnés de ce grand calme soudain !

OUI, il y a bien péril en la demeure, et si l’on ne veut pas s’abaisser aux contraintes exigeantes et réglementaires, de quoi demain sera fait ? Ce n’est pas moi qui peux donner la réponse ! Néanmoins, de cette sévère leçon, nous devrions acquérir des conclusions.

Pour les adeptes de toute revendication des inégalités, je suppose que leurs vœux doivent se réaliser en constatant l’ampleur du sinistre… qui ne distingue pas les nantis de la basse société ! Quittons nos vêtements, et nous sommes tous semblables… ou presque !

Du temps que nous les râleurs chroniques, polluons l’atmosphère générale, n’oublions pas que le maillage sanitaire, social, nourricier, réglementaire, est formé par des humains, comme nous, mais qui maîtrisent leurs peurs par leurs devoirs.

Si je ne préjuge pas l’impact de cette pandémie, je souhaiterais tout de même que cette maladie emporte avec elle, l’indifférence en même temps que cet esprit dominateur de l’argent, du pouvoir et moi, et moi, et moi…

L’orgueil, dévastateur lui aussi, de notre société, devrait suivre le même parcours !

Aura-t-on un brin d’intelligence pour nous orienter vers beaucoup plus d’humilité, de fraternité, de respect, d’attention envers nos semblables ?

Subitement, un lambeau de brume me cache Saint-Médard, je me retrouve seul derrière ma fenêtre. Et je me surprends à penser que cette réflexion pourrait en inciter d’autres. Et oui, l’être humain ne maîtrise pas tout, croyez-moi j’ai été agriculteur pendant 70 ans !

Marc Pinet
Publié le 1er avril 2020

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