La vie invisible
En quoi être privé de la vue change-t-il notre rapport au monde, a fortiori dans une société contemporaine saturée d’images ? Spectacle à Blacons le 15 octobre.
F. est non-voyant depuis vingt ans suite à un accident de voiture. Il est acteur amateur et, s’aventurant sur le chemin tortueux de sa mémoire sans images, il reconstitue chaque soir au plateau, avec deux acteurs professionnels, le souvenir d’un spectacle qui l’a bouleversé mais dont il ne se souvient ni du titre, ni du nom des personnages.
Pour l’écriture de ce projet, qui interroge la place des images dans notre manière d’appréhender et de percevoir le réel, Lorraine de Sagazan et l’auteur Guillaume Poix collectent des témoignages de personnes aveugles.
Pour les personnes voyantes, la vue est un des vecteurs essentiels du rapport au monde et le regard, une part déterminante de la sensibilité. Qu’en est-il pour les personnes ayant une perception différenciée et éprouvant autrement la réalité dite visible ?
Au plateau, Lorraine de Sagazan souhaite travailler en mêlant des acteurs amateurs non-voyants et des acteurs de sa compagnie et envisage le spectacle comme une tentative publique d’approcher et de donner à sentir la manière par laquelle les personnes aveugles abordent le rapport à la mémoire et à la fiction, questionnant la capacité du langage à se substituer au monde visible, en initiant le spectateur à la condition mystérieuse et singulière d’être dits aveugles. Autrement dit, à voir autrement.
Salle des fêtes de Blacons, le 15 octobre à 20h.
Article publié dans Le Crestois du 9 octobre 2020