Un conte de Noël d’Alain Landy.

Comme chaque soir, son maître l’avait enfermé dans l’étable. Le boeuf s’apprêtait à dormir après avoir ruminé quelques pensées sur une journée harassante équivalente à la plupart de celles qu’il avait déjà partagées. Pour loger ce puissant animal de trait, on avait utilisé une grotte naturelle assez vaste, qu’on avait aménagée et clos.

À peine les premières étoiles scintillaient-elles dans le ciel, que quelqu’un ouvrait sans faire de bruit la porte en bois de cette remise de fortune. Un étrange équipage venait se mettre à l’abri pour la nuit. Ainsi, notre bête de somme, un oeil ouvert sur l’entrebâillement de l’étable, vit-elle arriver près d’elle un homme mûr et une jeune femme, accompagnés d’un petit âne tout frêle qui semblait bien fatigué.

Tout aurait pu reprendre son cours normal, d’autant que le petit âne avait expliqué au boeuf qu’ils n’étaient là que pour une seule nuit mais, la jeune femme, par ses agissements, arrêta net les endormissements : elle s’était réfugiée ici pour mettre au jour un enfant.

La délicate délivrance dura quelques heures. Le père, la mère et l’enfant nouveau-né ayant retrouvé leur calme, le sommeil pourrait donc reprendre toute sa place.

– Cher ami, nous allons pouvoir dormir, dit l’âne au boeuf, soulagé que la tranquillité soit enfin revenue...

Article publié dans Le Crestois du 11 décembre 2020