Outrage
C’est un grand film sur un personnage de femme outragée que propose le ciné-club de l’Eden, et c’est l’oeuvre d’une femme qui résiste à l’emprise des hommes sur le cinéma.
Mais rien n’est facile en 1950 : les Américains ont reproché à Ida Lupino d’avoir traité du viol, sujet tabou ! Et bien pire : la grande actrice d’Hollywood aurait dû rester dans ses rôles de femme fatale, un rien névrotique, ou faire-valoir. Mais, lasse d’avoir joué les premiers rôles pour des nababs de Paramount et Warner Bros, elle se place délibérément derrière la caméra, suprême transgression.
Le récit, qui confine au mythe, est d’une grande clarté : une jeune femme est promise à la vie normale d’une Américaine après la guerre, un personnage superficiel de « film de chambre » : cuisine, sexe et bébés. Mais l’outrage suprême, le viol, dont le nom n’est jamais prononcé, l’envoie dans une terrible descente aux enfers. Trop de souffrances, rien ne peut adoucir le traumatisme. Le regard des autres, la sollicitation de certains ouvrent à nouveau les blessures. Comment guérir ?
L’univers machiste de la production américaine avait tout fait pour que le public oublie le cinéma d’Ida Lupino. Réparons cet outrage du temps !
Jacques Joubert
Dimanche 28 janvier à 20 heures au cinéma Eden.
Séance présentée par Jacques Joubert, enseignant de cinéma, suivie d’un verre au patio.
Article publié dans Le Crestois du 26 janvier 2024