Le déluge
Que seriez-vous prêts à faire comme sacrifice pour sauver notre civilisation en péril face aux changements climatiques ? C’est la question centrale de ce passionnant pavé de politique-fiction. Sur plus de 1000 pages, voilà un roman dystopique vertigineux, affolant et malheureusement très réaliste autour de l’effondrement de notre société.
L’histoire commence en 2013 en Californie, quand Tony Pietrus, auteur d’un livre-choc sur le dérèglement climatique, reçoit des menaces de mort. Le scientifique, qui a prophétisé le chaos dans un délais de 40 ans maximum, se heurte en effet à un profond déni et assiste, impuissant, à la destruction de la planète. Des supertyphons aux mégafeux, du complotisme antiécologique au capitalisme de surveillance, catastrophes et violences précipitent peu à peu l’humanité au bord du gouffre.
Ce roman choral va s’attacher à plusieurs personnages, d’horizons différents, qui tenteront à leur manière de faire bouger les lignes ou au contraire de maintenir leur mode de vie à tout prix : dirigeants politiques, scientifiques, lobbies industriels, militants écologiques plus ou moins radicaux, prédicateurs complotistes, citoyens démunis... Les destins vont se croiser, s’affronter ou se réunir, dans un récit haletant qui court jusqu’en 2040.
Au regard de notre triste actualité (cyclone à Mayotte, incendies géants en Californie, tremblement de terre au Japon, inondations...), ce roman d’un réalisme très documenté apparaît comme une vision plus que probable des années qui s’annoncent.
Si les pouvoirs publics sont encore nombreux à ne pas envisager avec le sérieux qui s’impose l’impact du réchauffement climatique sur les populations et sur les écosystèmes, il est presque rassurant de constater que la littérature, elle, peut aborder le sujet sans nous nourrir d’illusions.
À lire d’urgence !
Philippe Multeau
LE DÉLUGE
Roman de Stephen Markley
Éditions Albin Michel (2024)
Article publié dans Le Crestois du 17 janvier 2025