Du pot-au-feu à la soupe de bœuf chinoise
Deux pays, deux bouillons, une même philosophie du temps.
Il y a des plats qui sont des leçons de vie. Le pot-au-feu, c’est la France qui se raconte sans emphase, avec ses légumes d’hiver, sa viande rustique et son bouillon clair. On y retrouve tout un art de vivre : le respect du produit, la patience, la simplicité. Henri IV disait qu’il fallait nourrir les corps pour apaiser les cœurs. Et dans chaque famille, ce plat a fini par devenir un poème à part entière : celui du dimanche, de la tendresse et du temps retrouvé.
Pour faire suite à ma chronique de la semaine dernière, Marie-Josèphe Moncorgé m’a écrit ces mots qui résonnent justement : « La poule au pot d’Henri IV est un beau mythe culinaire, comme l’influence de Catherine de Médicis dans la cuisine française du XVIe siècle », nous rappelant que la légende et la gourmandise se mêlent souvent dans la même marmite.
En Chine, la soupe de bœuf est tout aussi essentielle. Elle change de visage selon les régions. À Lanzhou, elle s’accompagne de nouilles fines et claires, parfumée d’anis étoilé, de gingembre et de piment. Dans le Fujian, elle se fait plus douce, plus sucrée, quasi médicinale. Partout, elle symbolise la même chose : l’équilibre, la lenteur, le soin. Car, dans la pensée chinoise, cuire à feu doux, c’est harmoniser les énergies du monde…
Recette publiée dans Le Crestois du 7 novembre 2025
Toutes les recettes de Rodolphe Dejour sont regroupées dans notre rubrique cuisine.
