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Le PCF à l’heure du déconfinement

Tribune. La crise actuelle est à la fois sanitaire et économique. Mais le choc économique avait commencé dès la fin du second trimestre 2019.

La pandémie en a été un accélérateur. Elle est devenue une véritable crise sanitaire parce que la domination du capital sur tous les champs de la vie économique et sociale a généré une dégradation sans précédent de tous les secteurs de la société, particulièrement de l’hôpital et de l’ensemble de notre système de santé. Et l’impératif de profit à tout prix a conduit à bien trop retarder les décisions.

L’enjeu, c’est sortir de la double crise. La perspective de sortie du confinement telle qu’elle se prépare, coûte que coûte, pourrait relancer les deux crises : l’économique, licenciements et chômage de masse, puis la sanitaire avec l’insuffisance de production industrielle au service de la santé entraînant un regain de contamination et de malades avec une surtension dans le service public de santé.

La cause profonde de cette situation inédite de crise, c’est la domination du capital sur la vie économique et sociale : son système de pouvoirs, sa logique, son coût. Elle a entraîné des politiques d’austérité écrasant les services publics. L’irresponsabilité et les déclarations contradictoires de nos dirigeants politiques font le reste. L’ « après » n’aura rien à voir avec « l’avant » disent-ils. Or ils poursuivent leur stratégie. Même ils l’accélèrent. Le but c’est de soutenir la chaîne des profits et de se porter au chevet des marchés financiers (semaine de 60 heures, congé d’été limité à 10 ou 12 jours comme chez Renault, milliards mobilisés sans critères d’efficacité sociale). Et ils préparent le peuple à toujours plus de restrictions sur le plan social comme sur celui des libertés. Au nom du « on ne peut pas faire autrement car il y a la crise sanitaire » ils veulent faire accepter les plus graves reculs sociaux et les plus lourdes atteintes aux libertés individuelles et collectives. La prolongation de l’Etat d’urgence sanitaire fait partie de ce processus. C’est de démocratie sanitaire et non d’état d’urgence sanitaire dont les gens ont besoin pour décider des dispositifs de déconfinement, de l’organisation sanitaire sur leur territoire et des moyens pour la santé et l’hôpital

La réouverture des écoles le 11 mai relève de cette même logique. D'ici un an, il n'y aura peut-être plus d'école publique, plus de politique éducative qui travaille à réduire les inégalités scolaires. Le projet gouvernemental manipule l'opinion avec la fausse date du 11 mai, par ailleurs impossible à tenir. Rouvrir les écoles le 11 mai sans tenir compte de l’avis des professionnels, sans prendre vraiment le temps de consulter les élus locaux sur qui l’essentiel de la responsabilité et des coûts reposent, attestent que le gouvernement semble se satisfaire d’une école au rabais, réservée aux enfants de celles et ceux qui n’ont pas le choix… Si nous les laissons faire, le service public d’éducation nationale deviendra un service minimum, un pis-aller. Toutes les familles qui le pourront iront chercher des solutions ailleurs.

Nos enfants ont besoin d’école : mais d’une école où ils pourront tous et toutes apprendre ensemble, sereinement. Or le 11 mai les écoles doivent ouvrir mais sans aucun moyens supplémentaires en personnels et en moyens budgétaires pour les communes. Cela est inacceptable !

L’urgence est la construction populaire et citoyenne d’une alternative radicale et réaliste. Pour le Pcf, c’est le cœur d’un changement urgent et indispensable de civilisation. Il y a besoin de propositions et d’actes concrets en termes d’utilisation de l’argent (rôle des banques, du crédit, de la BCE, de l’euro et fiscalité des entreprises et du capital), de droits et de pouvoirs de décisions des salariés et des citoyens, de développement des services publics, d’emploi et de sa sécurisation, de salaires, et d’écologie.

Dans l’immédiat, la santé est la priorité. Nous proposons l’installation de commissions sanitaires locales et départementales composées de personnels de santé, de représentants syndicaux, politiques associatifs et préfectoraux, de citoyens.ennes, d’élus.es, pour une nouvelle démocratie sanitaire supposant le gel des PRS et la reconstruction d’un véritable maillage sanitaire sur notre territoire. Ces commissions seraient de véritables lieux de résistance, de mobilisation et d’actions pour la construction d’un nouveau modèle social, démocratique, économique et politique.

Jean-Marc Durand

Tribune publiée le 6 mai 2020

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