Hommage de Janie.

Nous arrivons ce lundi 22 juin comme à l’accoutumée au boulot, il fait beau. Les derniers mois ont été compliqués ici, le Coronavirus est passé par là, il a laissé des traces, de la fatigue, mais a renforcé les troupes. Les portes s’ouvrent et, les minutes passant, on commence à s’inquiéter de votre absence, ce n’est pas dans vos habitudes, il est rare que vous ne soyez pas le premier arrivé. On continue de travailler car le service avant tout.

9h51, la nouvelle tombe : vous n’êtes plus. C’est brutal, irréel, un coup de poing dans l’estomac. On continue de recevoir les patients comme des robots, une sensation de flottement, le sourire malgré tout car c’est notre métier.

La semaine a été compliquée pour nous toutes, et nous pensons encore plus à vos enfants, votre famille, vos amis, après tout vous n’êtes que notre biologiste. Oui mais quel biologiste! On se rend compte au fur et à mesure du déroulé de la semaine l’importance que vous aviez au sein de notre laboratoire, on se rend compte de l’absence, de vos blagues pas toujours marrantes que l’on n’entend plus, votre bureau reste vide, et il est difficile d’y pénétrer…

Toute proportion gardée, on se sent abandonné, vous étiez un rempart, voulant garder l’identité propre du laboratoire de Crest, que vous avez contribué à créer avec d’autres biologistes passés. Votre caractère de "cochon" n’était pas toujours facile à appréhender, mais vous étiez franc, et une blague arrivait souvent dans la foulée. Nous redoutions votre départ à la retraite, ce fut malheureusement plus tôt que prévu.

Puis, il a été temps de vous dire adieu. Ce fut une cérémonie sobre, simple, digne, à votre image. On comprend alors que vous étiez dans la vie privée le même que dans votre vie professionnelle: discret, distant, énergique, passionné, mais avec toujours un coup d’avance. Vous allez nous manquer M. Arnuti, vous allez me manquer…

Janie

Tribune publiée dans Le Crestois du 3 juillet 2020