« De la servitude volontaire »
Tribune du 19 mars 2021 de Gérard Guillemaud en réponse à Irène Libert.
Réponse à la lettre du 12 février 2021 :
Irène,
Tu as bien compris mon Discours sur la servitude volontaire du XVIe siècle et tu me demandes ce que je dirais au XXIe.
Maintenant, comme toujours, vous n'avez pas les dominants d'un côté et les opprimés de l'autre mais l'interdépendance entre eux. Le pouvoir a besoin de la participation, il ne peut opprimer que des personnes consentantes, cela se nomme « la soumission ». Cependant il convient au pouvoir d'être assez subtil pour ne pas paraître trop visible ni trop tyrannique, afin d'éviter un trop brutal soulèvement.
Dans la grande Histoire, il y eut des dominants qui offraient « du pain et des jeux ». Aujourd'hui, les jeux vous sont largement distribués sous toutes formes, mais on vous amuse/abuse d'une pseudo-démocratie. C'est le cas par des élections généreusement communiquées et pilotées par les médias des dominants qui vous guident. Ils sont assistés par les entreprises de sondages qui vous annoncent un ou deux ans à l'avance les résultats du scrutin, tels qu' ils vous les ont bien préparés.
Mais, chère Irène, tu n'es pas seule ; des résistants à cette soumission ont créé une fondation qui a emprunté mon nom dans le fil de ma pensée : l'Institut La Boétie. Je t'invite à rejoindre ce lieu de réflexion et de recherche de haut niveau, oeuvrant pour l'intérêt général. Il est un outil d'éducation populaire grâce à ses chercheurs, praticiens et militants qui s'efforceront de nourrir le débat public. L'objectif étant de faire vivre dans l'espace intellectuel, l'humanisme social républicain et l'écologie politique.
Et pour conclure mon Discours d'aujourd'hui en répondant ainsi à ta demande, je souhaite longue vie à La France Insoumise.
Bien à toi, Irène, au travers des siècles qui nous séparent.
Etienne de la Boétie (via Gérard Guillemaud)
Tribune publiée dans Le Crestois du 19 mars 2021