Passes sanitaires ou talibans « liberticides »
Tribune du 27 août 2021 de Juan Amunategui, ancien inspecteur général du Haut commissariat aux réfugiés.
Fidèle lecteur (et abonné) depuis de nombreuses années du Crestois, je suis avec intérêt les débats entre les adversaires de la vaccination contre le Covid-19, les plus nombreux, et les quelques voix qui osent la défendre. Débats souvent virulents où les mots sont souvent des plus forts : liberticide, cauchemar, terreur, dictature etc.
J’avoue avoir lu avec plaisir l’éclairante tribune de Nicolas Forest dans le numéro 6305 du Crestois. Voilà une défense de la politique sanitaire claire, lisible et raisonnable. Je partage totalement son analyse et ses conclusions, qui se résument très bien dans le titre « Il n’y pas de liberté sans responsabilité » (voir aussi l’article 29-1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « L’individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seul le libre et plein développement de sa personnalité est possible »).
J’aimerais seulement m’étonner du manque de relativité dans toutes ces tribunes. En effet, regardons dans d’autres pays la signification et les conséquences d’une véritable politique « liberticide » : par exemple en Europe, que ce soit en Russie ou en Biélorussie, au Proche-Orient (Turquie, Iran, Syrie, Etats du Golfe…), en Asie (Inde, Birmanie, Chine, Corée du Nord…), en Afrique (Algérie, Egypte, Érythrée…), en Amérique latine (Cuba, Nicaragua, Vénézuela). Liste hélas loin d’être exhaustive.
Enfin puisque, malheureusement, l’actualité les pointe du doigt, parlons des femmes et en particulier les femmes afghanes dont le sort (et la vie) risque d’être bouleversé par la reprise en main des talibans. Je m’étonne de ne voir que peu d’interventions de collectifs de femmes à ce sujet. Heureusement, l’appel à l’aide d’un Afghan réfugié à Crest au sujet de sa femme, dans ce dernier numéro du Crestois, illustre le drame vécu par toutes ces femmes afghanes.
Espérons que la France et l’Europe seront à la hauteur de cette tragédie et sauront se montrer généreuses dans l’octroi de l’asile, sans bureaucratie excessive.
Quand je travaillais au Haut commissariat aux réfugiés (HCR), on nous demandait toujours d’accorder aux demandeurs d’asile le bénéfice du doute, compte tenu des circonstances souvent dramatiques de leur départ. Dans ces circonstances, de toute façon, il faut donner la priorité aux femmes puisque c’en sont les premières victimes.
Juan Amunategui,
Ancien inspecteur général du HCR
Tribune publiée dans Le Crestois du 27 août 2021