Mélancolie
Lettre à Eva, la chronique de Vincent Meyer du 29 octobre 2021.
Éva,
Le chevreuil m’a regardé un moment avant de disparaître dans la futaie. Je suis resté longtemps immobile comme sidéré par la beauté de cette apparition. La pénombre s’est étendue progressivement sur le paysage. Le soleil s’est éteint à l’Ouest. Et, à l’Est, j’ai vu sortir la lune derrière la montagne. La lune pleine. Un instant magique. La lune posée aux trois quarts sur le sommet en forme de pyramide faisait surgir le fantasme d’un immense cornet de sorbet au citron. Vision éphémère, suivie d’une autre, une minute plus tard lorsque le disque lumineux prit ses distances : un bilboquet géant !
Pour moi, ce fut comme si ce gigantesque point sur le «i» voulait attirer l’attention, avec insistance, sur un message cosmique que l’Humanité ignore malgré les nombreux avertissements... Puis la lune a poursuivi sa course céleste. Et je suis rentré.
Tu sais, Éva, même dans le noir, je peux facilement retrouver ma maison. Ce ne sera plus le cas de mon courrier. Pourtant ma maison n’a pas bougé ! La Poste a imposé la numérisation des adresses. Désormais, le courrier réputé «mal adressé» ne sera plus distribué...
Tribune publiée dans Le Crestois du 29 octobre 2021