Ciel mon iel !
Tribune du 3 décembre 2021 d’étienne Maillet.
Ciel mon iel ! Avec iel, on n’est pas sorti/sortie/sortis/sorties de l’auberge ! Comment l’accorder ? Au secours ! Le français est déjà si lourd, si encombré de mauvaise graisse grammaticale, de radicaux libres en formes d’exception, qu’à n’y pendre garde, il sera bientôt la langue de Babel que personne n’entend. Langue de l’élite, langue tolérant cette farce du complément d’objet antéposé, « l’une des plus artificielles de la langue française » (Bescherelle), absurde invention introduite par Clément Marot en 1538 pour la rendre inaccessible au vulgaire : pitié pour les rédacteurs, pitié pour les enfants, pitié pour les plumes modestes !
« Iel » et les accords en forme de capharnaüm percutent ce principe d’économie bien connu des linguistes : les langues cherchent le simple. Et là, le français est mauvais élève...
Tribune publiée dans Le Crestois du 3 décembre 2021