Tribune du 24 décembre 2021 de Christian Doré.

Malgré l’évidence chaque jour plus grande de l’utilité de la vaccination pour contrer la pandémie, vous restez un certain nombre à la refuser pour différentes raisons : votre liberté sacrée ; votre corps vous appartient ; votre hygiène de vie saine est protectrice ; vous doutez de l‘innocuité de ces vaccins trop récents pour vous inspirer confiance ; vous pensez que l’information est manipulée pour servir les intérêts du lobby des groupes pharmaceutiques, ou encore que l’État profite de la pandémie pour installer une dictature sanitaire.

Hélas ! Votre conviction personnelle certainement sincère et réfléchie, qu’elle soit de santé, de confort ou politique et que vous semblez placer au dessus du vivre ensemble, se heurte à des chiffres bien concrets :

Vos choix individuels multipliés sur l’ensemble de la population font que les hôpitaux, à ce jour, accueillent pour le Covid sept fois plus de non-vaccinés que de vaccinés dans leurs services ; dit autrement, pour 14 patients accueillis, 12 sont des non-vaccinés. Et onze fois plus dans les services de soins intensifs. (cf statistiques Le Monde du 16 décembre). Ainsi vos choix, bâtis sur votre seule conviction personnelle, contribuent clairement à la saturation des hôpitaux. Ne devons-nous pas mieux considérer ces conséquences pour nos soignants qui, quoi qu’il en soit, vous accueilleront si vous devez bénéficier de soins? Ils le feront avec l’amertume d’entendre cette litanie maintes fois répétée que vous ne pensiez pas que cela vous arriverait à vous. Jusqu’à quand seront-ils encore sur le pont? Déjà nombre d’entre eux décrochent. Sans parler des victimes colatérales, ces personnes fragiles à qui nous transmettons finalement le virus, faute de le contenir suffisamment.

Toute personne raisonnable doit reconnaître, avec le recul que nous avons aujourd’hui, que les seules parades efficaces à notre disposition pour préserver la santé de chacun et une vie sociale correcte, c’est la vaccination et les gestes barrières, même s’il nous en coûte à chacun.

Nous vivons dans une société imparfaite mais qui à bien des égards nous offre une grande qualité de vie, individuelle et sociale, notamment grâce à son organisation collective qui nous protège de beaucoup d’aléas. C’est néanmoins un équilibre fragile qui ne tient que si la solidarité est plus forte que notre individualisme. Mesurons-le chaque jour. Des soignants aux plus fragiles, notre vivre ensemble vaut quelques sacrifices.

Christian Doré

Tribune publiée dans Le Crestois du 24 décembre 2021