Hors Contrôle
Lettre à Eva, la chronique de Vincent Meyer du 11 mars 2022.
Eva,
L’endettement de la France à l’issue de la crise sanitaire peut laisser penser que l’État providence est restauré. Le « quoi qu’il en coûte », indispensable pour parer les risques humanitaires et sociaux induits par la pandémie, a coûté cher. La question est désormais : qui va payer ? Elle ne trouvera sa réponse qu’après l’élection présidentielle.
Pour autant, ne sois pas naïve, le néo-libéralisme continue de gagner des points. L’État lâche peu à peu au privé tout ce qui peut rapporter de l’argent. Nationalisation des pertes, externalisation des profits. L’abandon des autoroutes, sans un encadrement sérieux, a fait perdre des milliards de recettes. Les partenariats public-privé (PPP) sont devenus la solution de facilité dès qu’un investissement d’intérêt public consistant est envisagé. La réalisation est assurée par une société privée et l’État (ou la collectivité) s’engage pour un lourd loyer pendant des années. Manière de ne pas alourdir le budget au présent et de reporter les frais sur le futur. Les annuités sont grevées de coûts divers et la dépense publique mal contrôlée.
L’investissement est, au final, bien plus coûteux que s’il avait été supporté directement. L’argent public, notre argent, alimente les dividendes au fil des interventions invisibles des lobbies souverains qui dictent les choix des gouvernements...
Tribune publiée dans Le Crestois du 11 mars 2022