Rase campagne
Lettre à Eva, la chronique de Vincent Meyer du 8 avril 2022.
Eva,
J’apprécie que tu me parles de ta campagne au printemps : les fleurs qui surgissent de partout, les bourgeons gorgés de sève, le chant des oiseaux… Cela change de la campagne vaccinale, de la campagne de Russie et de la campagne électorale. Des campagnes que je n’ai pas invitées. Pourtant, je suis loin d’être indifférent.
En matière électorale, j’ai juste l’impression que les processus institutionnels sont mal adaptés et peu imaginatifs. Ne pourrait-on pas construire un consensus civique par d’autres moyens ? La règle de la majorité est-elle la seule qui vaille ? Comment prendre en compte les minorités, comment leur assurer une juste représentation ? La démocratie se réduit-elle à la pratique du vote ?
À partir de 1378, il y eut deux papes simultanés pour le prix d’un. Le concile de Pise tenta de régler la crise en élisant un 3ème pape ! Cet antipape, Jean XXIII, élu le 17 mai 1410, contesté et déposé par le concile de Constance, abdiqua le 29 avril 1415. Finalement, le renoncement ou la déposition des autres permit de faire place nette et d’élire un pape unique : Martin V.
La formule du conclave, une élection en principe sans candidat, fait pourtant fantasmer nombre de citoyens à la recherche de la formule magique...
Tribune publiée dans Le Crestois du 8 avril 2022