La Nature oubliée et des citoyens pas assez informés !
Tribune du 5 août d’Europe Écologie - Les Verts Drôme.
Europe Ecologie - Les Verts (EELV) de la Drôme suit depuis plusieurs mois les déficits pluviométriques qui s’accumulent et, avec la plus grande inquiétude, les impacts de la sécheresse qui l’amplifient du fait des épisodes de canicule qui se succèdent aujourd’hui. Toutes les rivières du département sont durement impactées avec constat d’assecs, tout particulièrement sur la rivière Drôme avec un assèchement du lit sur plusieurs kilomètres. Cette situation, destructrice pour les milieux naturels, met en difficulté tous les usagers de la rivière que sont les habitants riverains, les agriculteurs et les acteurs du tourisme. Conscients de la gravité de la situation et de la nécessité de constater une situation de rupture, les membres de la commission Locale de l’Eau (CLE), du SAGE Drôme, qui regroupe des élus locaux, des représentants de l’administration et des usagers (agriculteurs, des associations de protection de la nature et de la pêche), ont récemment décidé, à l’unanimité des présents, d’émettre un avis demandant l’arrêt de tous les prélèvements d’eau sur la rivière.
Madame la Préfète de la Drôme a décidé de passer outre cet avis et de maintenir les autorisations de prélèvement d’eau, assorties toutefois de l’application de tours d’eau plus ou moins sévères. Cela fait des années que les élus et militants écologistes drômois préviennent de la gravité de la situation. Si des efforts ont été menés, au niveau agricole, par certaines évolutions en termes de choix culturaux (baisse de la sole de maïs), la construction de la réserve des Juanons, le maillage de certains réseaux d’irrigation et l’engagement de travaux pour amener l’eau du Rhône en substitution de l’eau de la rivière, EELV Drôme souligne a nouveau la nécessité d'arrêter de gérer la ressource en eau comme si le changement climatique n'était pas déja là et l’urgence d’une profonde réorientation des politiques, tant dans le domaine de l’agriculture que de l’habitat, notamment par :
- Une réforme de la politique agricole commune (PAC), au travers de soutiens publics vers des cultures en adéquation avec le territoire (sols, climat, environnement) et des pratiques agricoles moins gourmandes en eau
- Un soutien a une agriculture paysanne, reposant sur de petites et moyennes exploitations, qui privilégie en premier lieu l’approvisionnement local, départemental et régional au travers de circuits courts et de qualité
- Une réelle prise en compte des limites de ressource en eau dans l’établissement des documents d’urbanisme des communes et intercommunalités
- Une politique volontariste d’amélioration et de gestion technique et financière des réseaux d’eau potable afin de baisser le taux de fuites et du gaspillage d'eau
- Une politique forte de communication permanente à l’attention de tous les usagers, et en particulier les abonnés aux réseaux d’eau potable, sur la fragilité de la ressource et la nécessité de la préserver par des usages respectueux et sobres
Toutes nos demandes concernant le bassin versant de la rivie re Drôme sont valables pour l’ensemble des bassins versants drômois qui viennent, dans leur quasi-totalité, d’être placés en situation de crise, qui est le niveau maximal de restrictions à respecter en période de sécheresse.
Josiane Gonnot et Brigitte Chareyre
Tribune publiée dans le Crestois du 5 août 2022