Des têtes populaires
On peut en sourire... ou pas. La chronique de René Bergier du 17 mars 2023.
La guerre des gours étant en pause, Gigi est reparti terminer ses vacances d’hiver. Du coup c’est moi qui me suis collé à la chronique de ce jour, avec une seule idée en tête : vous offrir un moment de détente ; donc rien d’intello, ni de quoi se prendre la tête.
Si parfois des situations amoureuses font perdre la tête à certain(e)s, d’autres causes peuvent aussi entraîner les mêmes effets... mais en plus douloureux. C’est ce qui est arrivé à Louis XVI. Quittant précipitamment Paris, le roi détrôné aurait parié - selon l’histoire un peu revisitée - qu’il arriverait à fuir sans encombre. Il aurait même prononcé la phrase qui lui fut fatale: « Ma tête à couper que je vais réussir ». Pari perdu... et sa tête avec. Ce qui aurait fait dire à son confident : « Rien d’étonnant, il n’en faisait toujours qu’à sa tête »... jusqu’à ce 21 janvier 1793.
Moins historique mais tout aussi sérieux, « faire sa tête de cochon » : c’est le goret qui est content de l’imitation. Dans le même ordre d’idée : « faire sa tête de mule », là, il y a un risque d’allongement des oreilles. « Il a une tête qui ne me revient pas » : sans doute parce qu’elle n’est jamais partie. « Marcher sur la tête » : c’est possible si vous faites une tête de six pieds de long. « Foncer tête baissée » : c’est risquer de tomber sur la tête ; et « la tête dans le guidon » : c’est le même risque mais de plus haut. « Où avais-je la tête ? » : Encore un qui n’avait pas la tête sur les épaules. « Il a pris la grosse tête » : et du coup il a dû changer de casquette. « Piquer une tête » : si c’est dans la piscine, pas de problème ; si c’est pour la voler, derrière les barreaux vous plongerez. « En tête à tête » : que ce soit pour une partie de pétanque ou un dîner d’amoureux, les deux n’ont qu’un seul but. « Ça lui mettra du plomb dans la tête » : y en a qui ne s’en sont jamais remis. « Se payer ma tête » : en toute modestie, va falloir y mettre le prix. « Cul pardessus tête » : faut être bon contorsionniste. « Faire un tête à queue » : c’est pareil, mais dans l’autre sens (j’avais bien une autre réflexion à vous proposer, mais la rédaction m’aurait fait la tête). « En avoir pardessus la tête » : plus haut, c’est avoir la tête dans les nuages ; le privilège des poètes. « Avoir une sale tête » : « T’as qu’à te débarbouiller ! », disait ma grand-mère. « Sur un coup de tête » : dans le milieu du foot, on appelle plutôt ça un coup de boule. « Sans queue ni tête » : la reproduction est en danger ; mais c’est aussi une bonne façon de passer inaperçu. « Avoir la tête dans le cul » : franchement, rien à voir avec les parfums d’Yves Saint Laurent. « C’est une tête à claques » : quand on a besoin de se défouler, c’est l’idéal.
Et moi je me suis bien défoulé. J’espère qu’il en a été de même pour vous, amis lecteurs, et que mes élucubrations, sans vous avoir mis la tête comme une marmite, vous auront permis d’en sourire... ou pas.
René Bergier
Chronique publiée dans Le Crestois du 17 mars 2023