Tribune du 21 avril 2023 d'Étienne Maillet.

La girafe volante est une espèce bien connue sous nos latitudes, bien qu’on l’aperçoive rarement. Tournoyant en altitude par troupeau, son pelage violet la rend peu discernable sur l’outremer de la plupart de nos nuits. En août, il arrive qu’on repère les troupeaux sous forme de grappes d’ombres filant en silence devant l’averse d’étincelles des Céphéides qui plongent dans l’anneau lacté de notre galaxie.

Plus rare encore ce spectacle d’une aurore méridionale déployant avec une lenteur magistrale ses draperies chatoyantes que griffe le vol noir des ongulés. Émues peut-être d’une telle beauté, les ocelles de leur pelage se mettent alors à palpiter, virer à l’or, au rubis, parfois à un diamant tellement limpide qu’il est comme un trou de serrure dévoilant en arrière des abîmes sans fond. Car au ciel la girafe partage avec le calamar et les poulpes au fond des lagons l’aptitude surprenante à montrer leurs émotions en palpitant de la robe !

On a d’ailleurs la certitude, mais aucun témoignage, que le troupeau entier parfois synchronise ses moirures...

Tribune publiée dans Le Crestois du 21 avril 2023