Tribune du 21 avril 2023 d’Alain Delforge.

Fiction :

La stratégie de projet et une direction donnée en biovallée ont porté leurs fruits. Après quelques années de pédagogie, la France a déclaré l’ensemble de la rivière Drôme « Parc national ». En 1992, le bassin de la Drôme avait déjà été désigné comme premier site expérimental par la Loi sur l’Eau et, depuis, la dernière rivière torrentielle d’Europe a bénéficié d’une mobilisation inédite, un lien fédérateur unissant les milieux associatifs de tous bords, les communautés et intercommunautés, des scientifiques et des représentants de l’État.

Sur ce territoire d’innovation en termes de qualité de l’eau et de biodiversité, l’articulation entre tous les acteurs s’est avérée efficace puisqu’elle a su convaincre le gouvernement Français de l’intérêt de préserver cette rivière et tous ses affluents, sur un bassin versant toujours plus en déficit.

Dans ce contexte préoccupant, où il s’agit de résister et de s’adapter au bouleversement climatique, où tout le monde veut bénéficier de toujours plus d’eau alors qu’il y en a de moins en moins, la gestion de l’eau est devenue un levier de développement, avec un partage équitable de la ressource, aussi bien en aval et sur les affluents que plus en amont.

Le Parc national Drôme est quasi inédit en Europe, suite au classement de la Vjosa en Albanie en catégorie 2 par l’Union internationale pour la conservation de la nature, l’un des plus hauts degrés de protection possibles. Ainsi, tout le système fluvial Drôme est protégé, tant par les agriculteurs, les éleveurs, que par les touristes, les entreprises et les habitants.

Nous sommes enfin sortis des intérêts à court terme qui garantissaient l’empoisonnement de nos descendants. Tout le monde a cessé de stigmatiser tout le monde, et tout le monde s’est mis d’accord pour faire preuve de pragmatisme. Et comme chacun le sait, sans le rêve, aucune réalisation concrète n’est possible.

Alain Delforge

Tribune publiée dans Le Crestois du 21 avril 2023