L'écriture inclusive, une mode passagère plus qu’une révolution
Tribune du 2 juin 2023 du Joueur de Philodre*.
Dans un monde où les modes et les tendances éphémères s’enchaînent à un rythme effréné, il n’est guère surprenant de voir émerger de nouvelles théories linguistiques prétendant révolutionner notre manière de nous exprimer. L’une d’entre elles, l’écriture inclusive, a récemment fait irruption sur la scène, prétendant promouvoir l’égalité des genres en transformant nos règles grammaticales ancestrales. Mais est-ce réellement une avancée ou simplement un égarement de plus dans un monde qui se plaît à chambouler les valeurs fondamentales ?
La soi-disant écriture inclusive prétend élargir notre vision de la langue en introduisant des règles typographiques complexes, telles que l’usage systématique du point médian ou l’usage simultané du masculin et du féminin pour désigner un groupe de personnes. Selon ses défenseurs, cela permettrait d’inclure tous les genres et de lutter contre les discriminations linguistiques. Cependant, derrière ce vernis égalitariste, se cachent des problèmes bien réels.
Premièrement, cette écriture se veut inclusive, mais elle oublie de prendre en compte les personnes dyslexiques, telles que moi, qui sont confrontées à des difficultés supplémentaires lorsqu’il s’agit de déchiffrer ces nouvelles règles. Les caractères spéciaux et les associations grammaticales atypiques compliquent inutilement leur lecture et compromettent ainsi leur accès à la connaissance. En prétendant vouloir créer une langue plus égalitaire, les partisans de l’écriture inclusive sèment en réalité de nouvelles barrières pour les personnes dyslexiques.
Deuxièmement, cette prétendue révolution linguistique ne tient pas compte de la richesse et de la complexité de la langue française. Notre langue est le fruit d’une évolution millénaire, façonnée par les grands écrivains et penseurs qui l’ont précédée. Voltaire, cet esprit brillant qui se retournerait sans doute dans sa tombe à l’idée d’une telle déformation de notre langue, a contribué à sa clarté et à sa beauté. L’écriture inclusive compromet cet héritage en introduisant des formes artificielles qui nuisent à la fluidité et à l’esthétique de notre expression.
Enfin, l’écriture inclusive prétend lutter contre les discriminations, mais elle ne fait que renforcer les divisions. En forçant une distinction constante entre les genres, elle focalise l’attention sur les différences plutôt que sur les similitudes. Au lieu de favoriser l’égalité, elle crée une dissonance permanente, une rupture dans la continuité naturelle de notre langue. Les mots ont un pouvoir unificateur, mais l’écriture inclusive les dénature en introduisant des clivages artificiels.
En conclusion, je pense que l’écriture inclusive apparaît davantage comme une mode passagère qu’une véritable révolution linguistique. La langue évolue naturellement, mais elle ne doit pas être déformée au gré de modes éphémères. Les efforts doivent plutôt se concentrer sur l’éducation et la sensibilisation pour favoriser une véritable égalité des genres dans tous les domaines de la société. Il serait plus judicieux d’investir dans des solutions concrètes pour aider les personnes dyslexiques, telles que des outils d’apprentissage adaptés et un soutien individualisé. En se concentrant sur l’inclusion véritable, nous pourrions réellement faire progresser notre société vers une plus grande égalité. Il est temps de mettre de côté les tendances éphémères et de revenir à la raison, pour le bien de tous les dyslexiques et de la langue française elle-même.
Joueur de Philodre
* Ah, quel mystère ! Qui suis-je donc ? Derrière mon pseudonyme, je me cache, malin comme le renard. Le premier qui me reconnaîtra gagnera un an d’abonnement au Crestois, nouvelle formule. Mais attention, je suis aussi insaisissable qu’un escargot savant...
Tribune publiée dans Le Crestois du 2 juin 2023