Avis de mise à la retraite pour les machines de l'imprimerie du journal le Crestois
Tribune du 9 juin 2023 de Madeleine, Gilles et Irène, de Passerelle.
Après de longues années de travail régulier, elles vont être réduites au silence. En effet, l’impression du journal ne se fera plus intramuros mais devrait être délocalisée à Vitrolles. Moindre mal : l’impression serait reprise par une Scop ; idée qui rend cette opération moins douloureuse.
Beaucoup de médias papier se trouvent confrontés aux difficultés que rencontre le Crestois ; cet hebdomadaire cher à nos coeurs se retrouve en redressement judiciaire et il nous faudra attendre le 13 juin, la réponse du tribunal de commerce. Nous espérons que la proposition de rachat du journal par les journalistes et une administratrice sera approuvée et que notre journal se trouvera renforcé après cette crise.
Dans les propositions pour continuer à le faire vivre, on trouve le développement de l’offre numérique et l’externalisation de l’impression. Il fallait donc en passer par là. Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir fait des investissements réguliers, d’avoir fait des acquisitions coûteuses pour une qualité du rendu de haut niveau. À partir de 1971, date à laquelle Claude Bourde a intégré l’entreprise, de nombreux investissements ont été réalisés ; jusqu’en 2013, les machines ont été régulièrement changées ; mais le problème que rencontre le Crestois n’est malheureusement pas un cas unique : coût des matières premières, de l’énergie, du papier, concurrence du numérique, etc.
Après trente ans de désindustrialisation, de choix politiques détestables, nous pouvons nous réjouir de cette volonté affichée par le gouvernement de réindustrialiser la France ; de produire en France les biens indispensables, sans dépendre d’autres pays ; tout en espérant que ce ne soit pas que des effets de langage, mais que cela s’incarne dans des faits.
À Crest nous allons ainsi perdre des postes de travail, assister à la fermeture d’une petite entreprise et ainsi passer à une autre étape devenue nécessaire pour survivre. Les machines ne sont que des machines ; néanmoins, elles sont les témoins d’une époque où des gens se sont battus pour faire circuler les idées et c’est avec un peu de nostalgie que nous leur disons adieu..
Madeleine, Gilles et Irène, de Passerelle
Tribune publiée dans Le Crestois du 9 juin 2023