Le Crestois comme sésame
Tribune du 9 juin 2023 de Bernard Foray-Roux.
Début d’un fou rire mémorable !
Quand je suis revenu dans la Drôme (le pays de mon grand-père maternel, les trois autres étant ardéchois) en 2000, c’est Le Crestois qui m’a servi de sésame. En quelques numéros, je connaissais le paysage politique local, les enjeux du territoire, ses atouts économiques, sa richesse culturelle. L’éclectisme du journal et la richesse de son information favorisaient une assimilation rapide (pour l’intégration réelle, ce fut plus long).
M’étant trouvé embarqué dans une de ces guerres pichrocolines (ou gauloises) dont Saoû avait le secret (mais pas l’apanage), je fis la connaissance de ce rédacteur en chef dont j’admirais la plume. Dès le premier regard, le courant est passé et la suite n’en fut que la confirmation. Nous avions les mêmes valeurs humaines fortes et bien ancrées, les mêmes indignations successives et pas sélectives, le même regard lucide mais pas désabusé sur l’humanité, le même humour taquin mais jamais méchant, le même goût pour l’amitié et la confiance.
Claude savait (chose rare aujourd’hui et pas seulement dans la presse) commenter l’actualité sans la dénaturer, donner son opinion dans un éditorial sans mépriser celle du camp adverse. Bref c’était un « grand » journaliste et, de surcroît, un excellent photographe. Il n’avait qu’un défaut en la matière, celui de ne pas savoir « lever le pied » et de faire passer son journal avant la plupart des choses, pour ne pas dire toutes.
Cette passion avait illuminé cette brasserie littéraire, que j’animais chez Markus à Saoû, où il avait raconté l’histoire de « son » journal depuis la création jusqu’à ce jour dans une salle décorée des « Unes » historiques du Crestois et accompagné de ses amis Claude Amic (Maki), Robert Serre, Annie Liotard et tant d’autres témoins enthousiastes et émus.
Et puis... la suite nous la connaissons et Joëlle, Fanny et Jean-Baptiste en parleront mieux que quiconque.
Qu’aurait-il pensé de la situation actuelle du Crestois et de son évolution ? Bien malin (ou bien prétentieux) celui qui prétendrait le savoir. Une seule chose est sûre : Claude était un homme de projets et pas de souvenirs (qu’il ne confondait pas avec la nécessaire mémoire). Il savait, comme certains, que sans projets il ne reste que les souvenirs et que c’est bien désolant ! Les projets, ils sont dans les mains de la Scop, des Amis du Crestois, de l’imprimerie et de la famille Bourde, et ça je suis certain que Claude aurait aimé.
Alors longue vie au Crestois et que vive le journal de Claude !
Bernard Foray-Roux
Tribune publiée dans Le Crestois du 9 juin 2023