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C’est la centième !

On peut en sourire… ou pas, la centième chronique de René Bergier.

Eh oui ! cela fait cent fois aujourd’hui que vous souriez... ou pas, à la lecture de ces chroniques. Cela fait maintenant neuf ans que je vous invite à partager, avec plus ou moins de sérieux, ces quelques moments de zénitude par le biais de mes modestes écrits. En 2016, mon ami Gigi avec ses délires, m’a rejoint sur cette page. Depuis « La guerre des gours » en février 2023, il a décidé de signer lui même ses textes. Je lui ai alors laissé carte blanche... et il en a profité. « On peut en sourire... ou pas » est alors devenue sa chronique ; au point de se mettre en rogne en imaginant que j’allais le remplacer par Kignon, mon nouveau compagnon (Le Crestois du 26 avril), ce qui a jeté le trouble chez certains lecteurs du Crestois. Évidemment cette option est tentante car Gigi, malgré sa facilité à se mêler de tout, ne peut pas être au four et au moulin... comme disait ma grand mère. On verra...

Durant ces cent chroniques, nous avons parlé de tout... et peut être de rien, diront certains. Cependant c’est l’humour, les souvenirs, les clins d’œil à l’actualité et parfois les coups de gueule, qui ont guidé notre modeste plume. Pour marquer l’évènement et écrire cette centième, j’ai voulu partager avec vous quelques extraits d’anciennes chroniques.

La première a été écrite peu de temps après l’attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015 et se concluait par : « On peut être Charlie, policier, croyant ou non croyant et ne jamais se faire tuer pour un symbole, une idée, des mots, un dessin ; fût-il provocateur ». Par la suite, évoquant le pays des Bisounours où le chômage n’existait pas : « Dans la vie sociale, il n’y avait que ‘‘Paul’’ qui avait perdu son emploi faute de ‘‘clients’’, et tous s’en félicitaient ». Puis Gigi est apparu : « Je m’appelle Gigi et je suis un petit poisson; pas le plus beau, mais peut-être le plus ancien de la rivière Drôme. Pensez donc, depuis le temps que j’échappe à mes deux prédateurs : l’homme et le héron ».

La politique n’a pas manqué de s’immiscer dans nos écrits, parfois en vers. Ainsi à propos de Manuel Valls, enfariné en Alsace : « À Strasbourg, le lancer fut de farine et l’homme candidat prit grise mine ; en Bretagne ce fut une mandale, qui donna célébrité à Lamballe ». Quant aux élections, elles ont souvent fait l’objet de notre attention : « Oublions les binettes des candidats pour manier celles des jardiniers, soyons plus verts et aspirons au bonheur… Il est dans le pré ». Et visant les présidentielles et leurs possibles candidats : « Notre ancien Premier ministre Édouard lorgne beaucoup plus loin, vers l’horizon… une ligne qui recule à mesure qu’on avance ; mais comme il n’a pas l’air pressé et qu’il est habitué aux changements de vitesse, tous les espoirs lui sont permis ».

La politique locale a eu aussi droit à notre humour, par projet de centre aquatique interposé. C’est ainsi que sur une idée de Gigi au sujet de la discorde sur l’emplacement du projet : « Et si pour rabibocher tout le monde, on construisait le centre aquatique au beau milieu de la Drôme » ; mais aussi : « Quand on vous disait de la construire cette bassine, vous n’avez pas voulu... Maintenant chacun son gour et les poissons seront bien gardés ».

Évoquant les nouveaux moyens de communication : « Et voilà comment Facebook, Messenger, Snapchat et autres rongeurs de temps libre, se sont installés dans ma vie. Je venais de croiser la route du virus des réseaux dits ‘‘sociaux’’... Et de quitter l’ancien monde ». L’uniforme à l’école – qui aujourd’hui revient d’actualité – avait déjà fait sujet en 2019 : « En attendant que les débats envahissent nos soirées télévisuelles et alimentent les discussions en famille, profitons de nos différences pour enrichir nos esprits, parce qu’en fin de compte : avec ou sans uniforme, habillés ou à poil, nous sommes tous différents ». Sur un sujet similaire mais plus sensible qui nous avait attiré quelques remarques : « À constater tous ces débats passionnés autour des genres, celui qui nous observe de là-haut doit bien se marrer du souk qu’il a mis en créant nos deux premiers ancêtres aussi différents : Ève et Adam. La première a mangé la pomme, le second l’a gardée en travers du gosier ». La pandémie du Covid ne nous a bien sûr pas laissé dans le coma, même confinés : « Je sentais bien qu’il se passait quelque chose : le pécheur avait déserté les rives de la Drôme, plus aucun gamin ne jouait sur les galets, le pont du Batelier avait pris des allures de cimetière » ou encore : « Quant à moi, comme beaucoup de campagnards, je télétravaille au jardin : un peu de télé, un peu de jardin. »

Le sujet brûlant du loup ne nous a pas non plus échappé et parlant du « saigneur des agneaux » : « Si d’aventure vous croisez un loup, suivant vos convictions vous penserez soit à Croc-Blanc, soit à la biquette de Monsieur Seguin ».

Le Père Noël a aussi été de la partie en adressant ce clin d’œil : « J’ai pourtant perçu une lueur d’espoir : en passant sur le pont Mistral à Crest, j’ai vu que les travaux de la passerelle avaient bien avancé. Je vais pouvoir l’emprunter lors de mon prochain Noël ». Cette même passerelle qui avait fait les frais de la tradition du poisson d’avril quand, soupçonnée d’avoir été installée du mauvais côté du pont : « Les travaux de démontage allaient débuter le... 1er avril ». Gigi a eu parfois envie de titiller ses amis écolos : « Réfléchir autrement comme le font si bien ceux qui militent pour rendre l’air meilleur, tout en circulant avec des véhicules qui fument encore plus qu’eux ou qui veulent construire des éoliennes… hors de leur vue ».

Rapportant la réflexion d’une amie inquiète de la loi interdisant la fessée aux enfants : « J’espère bien que cette interdiction ne s’appliquera que pour les moins de 18 ans ». Nous avons aussi usé et abusé des expressions populaires : « Avoir l’estomac dans les talons, c’est comme péter plus haut que son cul : une anomalie du tube digestif », « Se regarder le nombril : après un certain âge on ne peut plus », « Avoir la tête dans le cul : franchement, rien à voir avec les parfums d’Yves Saint Laurent ...x»

Plus sérieusement et pour clore cette centième, nous évoquerons notre soutien de la première heure à la jeune Scop et à Jean Baptiste Bourde, afin que la reprise du journal Le Crestois se passe au mieux. Il y a peu nous écrivions : « Si vous voulez continuer à lire votre Crestois, vous informer de tout ce qui touche nos vallées et nos montagnes, garder une place à la démocratie locale – qui est aussi une raison d’être du journal Le Crestois – partager des idées et émettre des critiques, aider nos associations locales à exister médiatiquement ; si vous voulez continuer à en ‘‘sourire… ou pas’’, alors parlez-en autour de vous… Le journal du Crestois ne doit pas mourir ». C’est toujours d’actualité.

Avec quelques amis, nous sommes fiers d’avoir été à l’origine de l’association qui milite toujours pour que vive ce journal. Depuis, nous n’avons pas changé de philosophie. Par notre contribution et celles d’autres correspondants à alimenter ces belles pages, nous continuons notre soutien aux côtés des journalistes et de l’ensemble du personnel du Crestois. Et pour tout ça... vous pouvez partager notre sourire.

René Bergier

Tribune publiée dans Le Crestois du 26 avril 2024