Tribune du 5 juillet 2024 de May Day.

Mercredi 5 juin vers deux heures du matin (le chômeur n’a pas d’horaire), France travail envoie une invitation : « Vous avez des compétences et des baskets ? Nous avons un stade et des entreprises qui recrutent ! » Le chômeur n’a pas peur.

Cherchant désespérément un emploi, comme des millions de chôm’heureux (montrant à quel point ce statut est idéal), je vais donc enfiler mes plus belles baskets pour relever des défis face à un parterre d’entreprises. Le chômeur est gladiateur.

Pour être l’élu d’un poste, il va falloir entrer dans l’arène, se battre pour montrer qu’on est le meilleur. Je pense n’avoir jamais fait ce parallèle : faire de l’entretien d’embauche un divertissement pour le recruteur. « Je n’étais pas le meilleur parce que je frappais plus vite, j’étais le meilleur parce que la foule m’aimait. Gagne la foule, Maximus, et tu auras ta liberté. » (Extrait du film Gladiateur, Ridley Scott).

Finalement qu’y a-t-il de mal à ce que France Travail montre le nouveau visage de l’entertainment à la française ? Imaginons. 20 heures, le prime de France Travail en direct : « Sur vos petits et grands écrans, assistez en direct au Grand Jeu France travail ! Dans chaque département de France, venez découvrir les nouvelles épreuves pour choisir les meilleurs d’entre nous ! »

De la boxe pour savoir qui fera les prochaines brioches à l’usine, du curling pour les agents de nettoyage, du lancer de poids pour révéler les talents des nouveaux agents logistiques, ou encore le saut en hauteur, pour savoir qui sera à la découpe des volailles, un hommage évident à un film d’animation où des volailles essaient d’échapper à leur condition... Allez, bon courage les chôm’heureux !

May Day

Tribune publiée dans Le Crestois du 5 juillet 2024