Kaleo, un jeune groupe islandais
Jetez-vous sur ce premier album maîtrisé et diablement efficace !
Le nom de Kaleo ne vous dit probablement rien, mais vous avez certainement déjà entendu leur chanson "Way down we go", plébiscitée par à peu près tous les médias existants : radios, bien sûr, mais aussi cinéma (Logan), séries TV (Blindspot, Suits, Orange is the new black) et même jeux vidéo (Fifa 16, NHL 17, Rockband, etc). Une extraordinaire reconnaissance pour ce jeune groupe islandais fondé en 2012 par 4 amis d'enfance, et dont le premier effort, paru en 2016, nous intéresse aujourd'hui.
Lorsqu'on parle de musique islandaise, on pense spontanément à un son aérien, éthéré et minéral (Björk, Sigur Ros, Asgeir, Olafur Arnalds, etc). Total contrepied ici puisque Kaleo nous propose un blues rock très américain dans l'esprit, particulièrement sur la première moitié de l'album.
Riff de guitare épais, voix puissante éraillée au papier de verre, batterie appuyée, tout y est, et l'illusion est parfaite. Écoutez donc "No good", qui ouvre l'album sur les chapeaux de roues pour vous en convaincre, ou encore le folk de "Automobile", qu'on croirait sorti du fin fond du Tennessee.
Mais chassez le naturel, il revient au galop. Kaleo sait également se faire plus doux, comme sur "Vor í Vaglaskógi", reprise acclamée par la critique d'un classique islandais des années 60, ou encore la ballade "All the pretty girls", intégralement chanté en voix de tête.
Avec un tel niveau de qualité musicale, et grâce à la présence magnétique de son incroyable chanteur / leader Jökull Júlíusson, capable de tout chanter avec une aisance déconcertante, Kaleo a toutes les clefs en main pour devenir un très grand nom du rock de demain, pour peu qu'il affine sa personnalité sur ses albums suivants.
En attendant, jetez-vous sur ce premier album varié mais cohérent, ambitieux mais maîtrisé, et surtout diablement efficace.
Olivier Chapelotte, disquaire à Aouste-sur-Sye
Article paru dans Le Crestois du 25 janvier 2019