Du folk-rock cinématographique
Dans l’histoire de la musique, il y a ces albums incroyables qui, dès la première écoute, vous chamboulent...
On sent alors confusément qu’on est en présence d’une œuvre rare, une pièce maîtresse qui, à peine sortie dans les bacs, est déjà un “classique“ qui va marquer son époque.
“For their love“, quatrième album du groupe indé-folk américain Other Lives, se range indéniablement dans cette catégorie, de par son niveau de composition et de sophistication instrumentale et vocale. Et surtout par l’incroyable sensation de plaisir qu’il procure à l’auditeur.
Le groupe, originaire d’Oklahoma, a passé la période de confinement en autarcie dans une maison de campagne de l’Oregon, à tricoter patiemment un son enveloppant tourné vers ce qui nous a manqué le plus ces derniers mois : les grands espaces. Il en ressort une folk-pop orchestrale majestueuse, influencée par la découverte récente de la musique d’Ennio Morricone. L’album déploie ainsi sa musique aux arrangements cinématographiques tout en parvenant à toucher à l’intime. Une vraie prouesse.
Dès le premier morceau “Sound of Violence“, on est happé par la voix habitée du chanteur et compositeur Jesse Tabish, par des harmonies fluides et par cette riche instrumentation qui transporte littéralement.
Et tout le reste de l’album est de cet acabit : les chansons s’enchainent naturellement, avec fluidité, comme si elles se répondaient ou se complétaient. On arrive ainsi à la fin des dix titres sans même s'en rendre compte, un peu sidéré de s’être laissé embarqué dans ce voyage en apesanteur sans jamais avoir éprouvé une quelconque lassitude.
Une petite merveille.
Philippe Multeau
Other Lives - For their love (2020)
Disponible en Vinyle et CD
Article publié dans Le Crestois du 3 juillet 2020