Côté salon, les sons de Doux Mantra

À Crest, une bande de copains, artistes et professionnels du numérique, ont lancé en septembre dernier un label musical indépendant.

Ce château ressemble à celui de Moulinsart. Mais ici, pas de Castafiore. D’habitude, le château des Ramières, situé à Allex, accueille les élèves de l’Ensemble scolaire privé Archipel, à la pédagogie alternative.

doux mantra 3Mais, en cette fin de mois de juin pluvieux, c’est un label de musique crestois indépendant qui squatte les grandes salles de cette demeure : Doux mantra records. Un label, mais surtout un collectif de sept copains avec de nombreuses cordes à leur arc musical : tous artistes, designers, scénographes, communicants ou ingénieurs du son de profession.

Doux mantra, lancé en septembre 2020 et qui s’est trouvé un lynx comme effigie, autoproduit et gère aujourd’hui l’identité graphique de neuf groupes, de la pop indie au hip-hop, en passant par l’électro et le punk-rock.

« Ce label nous donne un cadre de collaboration, une certaine motivation et la possibilité de mutualiser toutes compétences dans le son, l’image, la communication... C’est une belle chaîne de production », précise Tom Galdeano, dit El Tat, co-créateur du label avec un ami aujourd’hui installé en Chine, Florent Papagalli, de son nom de scène Malïao. « C’est pas la même chose que de faire de la musique tout seul dans nos chambres, complète Pierric Rolland, producteur et arrangeur de métier. On est des indépendants, des artisans ».

Si tous les membres ne sont pas Crestois et sont disséminés un peu partout (Lyon, Paris, Bruxelles, Pékin...), le label « international » est bel et bien ancré dans la vallée, initiative assez rare pour le signaler.

MINI-CONCERTS EN VIDÉO

Profitant du camping de fin d’année des élèves de l’Archipel à Aurel, le label a donc pris possession des lieux, du 25 juin au 2 juillet, pour y organiser le deuxième salon Doux mantra : une série de mini-concerts – ou showcases – d’artistes membres du label ou de groupes invités spécialement pour l’occasion, filmés et mis en ligne sur Internet. Le tout dans une scénographie à la fois sobre et léchée qui reproduit un... salon.

En tout, sept artistes se sont produits – enregistrés à l’aide de quatre caméras – lors de cette deuxième édition du salon après un premier galop d’essai à l’Usine vivante, à Crest, en janvier dernier. « C’était en plein confinement une manière de nous retrouver », explique El Tat. Ce lundi après-midi, le musicien a investi le salon en duo avec Pierric Rolland. Bonnet ou casquette et masque noir pour la scénographie, Pierric appuie lourdement sur sa basse tandis qu’El Tat fait sortir des aigus à la guitare. Casque sur les oreilles, leur acolyte Malïao a posé sa voix, depuis la Chine donc. « Il va y avoir un gros travail de mixage et de montage vidéo », explique Robin Luchetti, ingénieur du son en chef, qui supervise balances et essayages, assisté d’Arthur Pronier pour la réalisation. En effet, le clip final mettra en scène Malïao sur un petit écran au milieu du salon, incrusté sur ce qui est, ce lundi, un fond vert.

LE SALON COMME VITRINE

« Ce salon, c’est un peu notre vitrine, décrit Pierric Rolland. C’est l’occasion de montrer toutes nos compétences, de mettre en avant un catalogue. On essaie de faire ça bien et puis ça nous fait kiffer de nous retrouver tous ensemble ! ».

Ces copains se sont inspirés pour ces salons des « Tiny desk », des séries de vidéos de musique en live venues des États-Unis et diffusées sur le web. « Il y a finalement assez peu de choses originales sur ce modèle en France, c’est ce qu’on aime, on essaie de le reproduire », abonde Robin Luchetti.

Avec une moyenne d’âge de 25 ans pour les membres du collectif, leur travail s’appuie forcément sur le numérique : « Nous sommes à fond sur la communication digitale et la production se fait beaucoup en MAO (musique assistée par ordinateur, ndlr). Et puis nous sommes autant un label musical qu’audiovisuel », complète Arthur Pronier.

Le rendu de ce salon sera bientôt diffusé sur leur chaîne Youtube et les réseaux sociaux (Facebook et Instagram).

Aujourd’hui, Doux mantra représente neuf groupes ou artistes aux genres musicaux variés : Young Neko, Cheetah flowers, Cabanon #02, Thick, Cowbones (qui, comme leur nom l’indique, viennent de Cobonne), Huper et Smoking pistols. « C’est un label pour autoproduire nos projets et ceux de nos proches », rappel Tom Galdeano. Trois invités se sont produits lors de ce salon d’été : The big idea (la Rochelle), Pervitin (Lyon) et les Cowbones.

« Nous sommes tous bénévoles pour le moment, on travaille tous à côté mais on se professionnalise peu à peu en vendant diverses prestations. On aimerait continuer à développer tout ça. » En mars dernier, Doux mantra a par exemple assuré la diffusion en ligne de la soirée Clin d’oeil, organisée par le festival Les yeux dans l’eau. « À nous tous, nous avons un certain bagage technique. Alors on essaie de s’amuser le plus possible tout en développant une forte exigence professionnelle », conclut le co-créateur.

Alors à vos écouteurs !

Clément Chassot

Plus d'infos :www.douxmantra-records.com

Article publié dans Le Crestois du 16 juillet 2021