Orelsan - Civilisation (2021)

Avec ce nouvel album éclatant, le rappeur français porte un regard critique sur le monde actuel et confirme son rôle de porte-parole de la jeune génération. C'est notre coup de cœur de la semaine !


Son précédent album, La fête est finie, était sorti en 2017. Œuvre intime sur les difficultés à entrer dans la vie adulte, l’album avait rencontré un succès commercial et critique retentissant : disque d’or en seulement trois jours et désormais disque de diamant.

Aujourd’hui, après 4 ans de pause, l’artiste fait son grand retour et frappe fort : une série documentaire réalisée par son frère qui retrace son parcours dans le rap, et surtout, surtout… un nouvel album !

Le 19 novembre 2001, Civilisation est disponible à l’écoute. Avec plus de 50 000 précommandes, l'album était déjà disque d'or avant même sa sortie. Une semaine après, il s'est écoulé à 138 929 exemplaires ce qui en fait le plus gros démarrage en première semaine depuis l'ère du streaming dans l'histoire du rap français.

Le single promotionnel, sorti deux jours en avance, "L’odeur de l’essence", annonçait déjà la couleur de l’album. Avec un flow toujours aussi désabusé, Orelsan critique la politique, le capitalisme, les violences policières, la pollution ou encore l’islamophobie. Bref, il s’attaque en même temps à tous les sujets de société du moment, et pourtant chaque phrase tombe juste. Dans le clip, les images qui défilent s’enchainent de plus en plus vite en même temps que le flow du rappeur s’accélère. On se retrouve piégés avec lui dans une spirale qu’on ne peut pas arrêter et qui va jusqu’au "crash".

C’est ça, Civilisation : un album sur le monde qui nous entoure. À l’inverse de La fête est finie, composé de réflexions personnelles sur la vie d’adulte, Orelsan s’attaque désormais à autrui. Dans "Baise le monde", il dénonce le côté superficiel des réseaux sociaux et des soirées mondaines dans lesquelles tout le monde joue un rôle, en même temps qu’il fait ressortir sa conscience écologique. Dans “Manifeste", récit incroyablement poignant de sept minutes, il dresse le tableau d’une France entre précarité et violences policières.

L’album est aussi parsemé de touches plus joyeuses. Le rappeur caennais raconte son nouveau quotidien tranquille de retour à Caen, loin de la pression. Il dédie aussi des morceaux à sa femme, qui est la source de son bonheur quotidien. On retrouve aussi l’entourage habituel d’Orelsan : Skread qui compose la musique, Gringe, avec qui il a commencé le rap. Plus inattendu, Orelsan collabore avec The Neptunes, duo hip-hop américain dont fait partie Pharell Williams dans le morceau "Dernier verre" aux touches funky.

Civilisation est donc un album mêlant critique et amour des autres, rap au flow pointu et mélodies dansantes : tout ce qu’on aime chez Orelsan est réuni. Dans une période de Covid où les jeunes générations questionnent de plus en plus leur relation à l’autre, à l’avenir et au monde qui leur est laissé, Orelsan devient à la fois porte-parole de leurs maux et porteur d’espoir, en les invitant à revenir à l’essentiel pour être heureux et à changer le monde dans lequel ils veulent vivre.

Zoé Multeau

Article publié dans Le Crestois du 3 décembre 2021

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