Le premier single de Manu Shamba
Emmanuel Balz, alias Manu Shamba, Franco-Suisse natif de la Gervanne, a enregistré le single Je chante à Crest.
Manu Shamba a été bercé par la musique. Rien d’étonnant qu’il en fasse une passion qu’il partage avec toute sa sensibilité...
Manu a grandi en Gervanne, dans un univers de découvertes musicales sans limite : « J’ai toujours entendu beaucoup de musique à la maison. Ma maman adorait la chanson française et mon papa le rock anglais et le classique. Dès 9/10 ans, j’ai commencé à écrire et enregistrer sur cassette avec un magnéto ! » L’adolescent s’est ensuite tourné vers le reggae pop, « pour le côté rebelle », il s’adonne à la guitare puis, après un voyage qui le mène au Sénégal, au Mali… il s’essaie aux percussions.
En vallée de Gervanne, il n’hésite pas à se poser pour animer quelques événements festifs : « Ces fêtes me permettaient de sortir de ma chambre ! Et je pense même que la musique m’a ouvert car, à l’école, je bataillais beaucoup », sourit-il, maintenant qu’il est... enseignant !
Le temps des études arrive. Il choisit une faculté de géographie à Grenoble, puis à Bordeaux pour une licence dans la solidarité internationale et le développement durable. Voilà de nouveau de belles occasions de partir à l’autre bout du monde, vers l’Amérique Centrale ou l’Afrique de l’Ouest, et Londres, pour parfaire son anglais. Il y fait ses premières petites scènes dans les bars, le soir, après des journées de labeur.
INSPIRATION
Bien sûr, la musique ne nourrit pas son homme aussi facilement. Alors il travaille avec Rodolphe Balz, son papa, comme commercial dans une entreprise de phyto-aromathérapie, cosmétique naturelle et bio, mais ce n’est pas son chemin.
Le jeune adulte a besoin de liberté et de musique. Il repart en formation à Avignon où il étudie toutes les disciplines autour de la musique. En 2011, il rencontre des musiciens et tout commence.
Ils créent un groupe autour de Manu Shamba, lui-même chanteur et compositeur. Le groupe fait un triomphe au Festival de l’étendard à Marseille où 2 000 personnes l’ovationnent. « C’est la consécration », se souvient Manu. Mais sa vie privée prend une autre tournure l’année suivante. Il doit déménager à Genève pour une nouvelle vie familiale. Trois enfants plus tard, il faut un métier qui nourrisse. Fort d’un bac et face à la demande de collègues enseignants, il fait quelques remplacements en école primaire.
Ce métier lui plaît. Il transmet les valeurs auxquelles il croit, un travail qui lui correspond assez pour retourner en cours pour cinq ans et obtenir une titularisation de son poste. Il apprend l’allemand, perfectionne son anglais et n’a presque plus de place pour la musique...
Pour trouver l’inspiration, il revient régulièrement en Gervanne profiter de l’écrin de la vallée, des sensations que lui offre la nature qu’il aime tant. « Il faut que je bouge pour que la musique bouge aussi et ces séjours dans la famille sont souvent de belles sources d’inspiration », se confie-t-il.
L’année dernière, il met au monde Elle chante : « C’est un hommage aux chanteuses que j’ai entendues. » Le single est enregistré à Crest, au Studio 10C. Manu Shamba n’est pas entièrement satisfait : « Pour une chanson en hommage aux femmes, il me fallait une présence féminine et je pense à une voix africaine qui envoie ! »
LE CHANT DU CONTEUR
La vallée de la Gervanne est une pépinière d’artistes. Il a grandi dans une école où les niveaux de classes étaient mélangés, où les enfants se connaissent tous. Il est resté ami avec Alice Aterianus- Owanga, qui connaît une Gabonaise réputée dans son pays, Naneth Nkoghe. Alice fait le lien avec la chanteuse. L’artiste entend la chanson de Manu et accepte par un message rapide et clair : « Cette chanson est écrite pour moi ! » La collaboration se fait de manière naturelle… ou presque ! Car Naneth et Manu ne se sont jamais rencontrés, et les voies du numérique ne sont pas impénétrables.
Manu a intégré les fichiers audio qui venaient du Gabon ! Et le single est fin prêt en novembre 2021. Cette belle rencontre à distance sera certainement suivie d’autres car Naneth a tellement aimé le single qu’elle a proposé à Manu de « faire quelque chose ensemble, à enregistrer à Crest car le travail est parfait ».
La machine est en route, Manu prépare déjà d’autres singles pour un prochain album. Déjà deux titres sont affinés. On vous voit, où une histoire de coup de foudre (qui devrait être la bande originale d’un court-métrage de film d’animation qui sortira prochainement), et Trop dur, un hommage à Nelson Mandela. Il prévoit de reprendre six titres travaillés à Avignon, revus et corrigés ! On y retrouve ses influences, de Goldman à Brassens, des Beatles au gospel et à la soul… Un bel univers de diverses fenêtres musicales ouvertes sur le monde. Manu Shamba prévoit aussi d’y intégrer une chorale d’enfants, et ses enfants sont fin prêts !
Bien sûr à la maison, ça chante, même à cinq ans. La petite dernière connaît toutes les paroles ; à l’école, les enseignants reprennent Elle chante en cours de musique. Papa comblé, il se donne le temps de se poser et d’accompagner ses enfants vers leur vie d’adulte, entre la Gervanne et Genève. « Les petits vont grandir et je dois être là pour eux, pour mon plus grand bonheur d’ailleurs. Quand ils seront plus autonomes, je verrai. »
Pendant ce temps, Manu travaille ses musiques et ses textes, toujours avide de faire mieux, de trouver le mot juste... Il avance note après note, lettre après lettre. Il trace doucement un chemin, son voyage.
Corinne Lodier
Plus d’infos : www.manushamba.com
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Qui est Manu Shamba
Emmanuel Balz, alias Manu Shamba, est né en vallée de la Gervanne, où ses parents sont venus de Suisse pour y poser leurs valises et développer la culture de plantes aromatiques et médicinales, dès 1977. Rodolphe et Anne sont très impliqués dans la vie sociale de la vallée. On les recconnaît, entre autres, à leur accent marqué d’une Suisse originelle. Manu a d’ailleurs cette petite syllabe qui s’allonge, ce ton de basse que l’on retrouve dans les chansons, la voix de son papa, posée et chaude. Il a un accent transmis par ses parents venus de Suisse autour de leurs trente ans, le voyage inversé que Manu a fait.
Tout le monde l’appelle Manu… Ça c’est acquis, mais Shamba ? « Quand j’étais ado, j’ai lu les aventures de Shamballa, un mot sanskrit qui veut dire “lieu de bonheur paisible“. C’est l’histoire d’une quête spirituelle, j’ai bien aimé et Shamba sonnait bien, c’est aussi une idée du voyage. »
Article publié dans Le Crestois du 25 mars 2022