Virée en terre helvète avec Meril Wubslin
« Faire ça », le troisième album du groupe belgo-suisse est dans les bacs.
Fondé par le Belge Christian Garcia-Gaucher et la Suissesse Valérie Niederoest, Meril Wubslin était à l’origine un duo. Ils sont rapidement rejoints par le batteur Jérémie Conne, aujourd’hui remplacé par David Costenaro. La puissance et la richesse rythmique ainsi insufflées dans le projet offrent de nouvelles perspectives au groupe. Il faut dire que les fondamentaux de Meril Wubslin sont l’improvisation et la répétition. Ainsi, un morceau de cinq minutes sur album peut aisément flirter avec les vingt en live. L’entraînante rythmique permet alors de toucher un public plus large que celui très intimiste du genre dans lequel ils évoluaient alors, celui de la musique expérimentale.
Meril Wubslin est un nom inventé. Il ne désigne personne en réalité, sinon un trio helvète dont deux des membres sont Belges. Leurs univers font penser à de la musique trad’ et à des balades sonores relaxantes, mais aussi à des incantations hypnotiques et entêtantes où la voix occupe une place centrale. Les mots résonnent ici à la manière d’une matière artistique que le public peut s’approprier. Ici, pas de message à caractère informatif ou revendicatif, les voix occupent une place très instrumentale. Chaque morceau est une pièce sonore.
Chantées exclusivement en français, leurs paroles deviennent universelles par leur musicalité qui résonne dans les corps avant même de donner à réfléchir sur leur signification.
De la Grèce à l’Australie en passant par l’Allemagne, l’Angleterre, la Roumanie, l’Espagne, les Amériques et d’autres, leur succès est indéniable. Meril Wubslin a ce quelque chose qui touche au plus profond de nos humanités.
Passionnés de musiques nord-africaines, de musique moyen-âgeuse et des musiques répétitives de Steve Reich, les membres du combo offrent avec Faire ça, une collection de tableaux où les univers sont aussi fascinants qu’enivrants, et où se côtoient nombre de leurs influences. Ce tout créant une forme hybride de post-rock.
Enregistré dans le South East London en l’été 2023, dans le studio de Kwake Bass, connu pour son travail novateur et pour ses collaborations régulières avec Kae tempest, Faire ça (le troisième album du groupe) s’affranchit des normes et les artistes ont l’air de ne poursuivre aucun plan de carrière. Tout dans leur musique est organique, vraiment, et sincère, c’est sûr.
Jordane Soubeyrand
Article publié dans Le Crestois du 29 mars 2024
Écoutez ci-dessous des extraits de l'album :