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2020, année historique

Bref retour sur une année dont on se souviendra...

Certains préféreraient l'oublier. Mais à n'en pas douter, l'année 2020 occupera, dans les archives du Crestois, une place toute particulière. En songeant aux historiens du futur qui se plairont à s'y promener, nous nous sommes donc appliqués à ranger consciencieusement les 44 numéros de cette drôle d'année, aux côtés de leurs 6226 ancêtres.

2020 commençait pourtant à peu près normalement. Année électorale oblige, les petites historiettes devenaient vite d'incroyables imbroglios politiques. Ainsi, en début d’année, nous vous racontions comment, dès le 1er janvier, à minuit zéro une, le conservateur de la Réserve nationale des Ramières du Val de Drôme, Jean-Michel Faton, se « payait » le maire d'Eurre, en dénonçant, avec une ironie mordante, la pratique de la chasse aux oiseaux d'eau dans la réserve naturelle. On s'était un peu amusé de cette histoire dans une mémorable une qui n'avait, on s'en souvient, pas beaucoup plu au gestionnaire de ce site remarquable. Jean Serret nous adressait, dans la foulée, une mise en demeure par avocat interposé, nous reprochant d'avoir publié sur notre site Internet des données à caractère personnel. Et il faut bien raconter à nos lecteurs que, depuis cette drôle de une, les presses du Crestois n'ont plus connu le doux plaisir d'imprimer les publications, jadis nombreuses, de la Communauté de Communes du Val de Drôme (CCVD). La politique, ça ne s'invente pas ; les vieilles recettes sont toujours les meilleures !

2020, année électorale, donc. À Eurre, c'est sans opposition que M. Serret remporte le scrutin, haut la main. Chez ses voisins crestois, c'est son meilleur ennemi, Hervé Mariton, et sa liste « Parce que nous aimons Crest » qui remportent la bataille électorale après une campagne épique, raflant sur le fil un cinquième mandat, au second tour. Avec seulement 137 voix d'avance, face à René-Pierre Halter et à sa liste « Ensemble Réinventons Crest ».

Mais rien ne devait se passer comme prévu. Car, à la veille du premier tour, un invité surprise des plus virulents nous passait masque sur le visage et gel hydroalcoolique sur les mains... avant de nous prier, poliment, mais fermement, une fois le bulletin glissé au fond de l'urne, de rester sagement à la maison pour les 50 jours suivants. « Le saut dans l'inconnu », titrions nous alors, incapables pourtant d'imprimer notre bon vieux Crestois... Puis de fermer boutique, rue Sadi Carnot, et de passer l'arme, non pas à gauche, mais plutôt... sur le Web ! Un saut technologique impromptu dont nous sommes, au Crestois, assez fiers, malgré les circonstances qui nous y ont conduits.

Le 17 mars, donc, « vous savez qui » nous cloître chez nous, met nos hôpitaux à genoux, emporte avec lui les plus fragiles, et devient, au grand dam de celui qui prétendait l'être, le véritable « maître des horloges ». Mais pendant ces temps suspendus, alors que le monde semble s'effondrer par le truchement d'une créature microscopique, des petites mains crestoises continuent à écrire l'impétueux roman de la vie politique locale... Un recours est déposé devant la justice administrative. « Ensemble Réinventons Crest » estime que le scrutin a été insincère, et que M. Mariton a profité de sa position de maire pour mener campagne à peu de frais. Et il faut aujourd'hui bien reconnaître qu'à part, sans doute, l'intéressé, personne ne semble alors prendre bien au sérieux le travail de fourmi mené par l'équipe défaite. « Mauvais perdants ! », persifle-t-on dans les ruelles de la vieille cité crestoise... Le 2 octobre, lors de l'audience, le rapporteur public ne dit d'ailleurs pas autre chose, louant au passage les idées « judicieuses » du maire de Crest pour faire face à la pandémie.

Alors, lorsqu'au creux des vacances de la Toussaint, le tribunal administratif de Grenoble donne raison à M. Halter et invalide le scrutin crestois, c'est la sidération à l'ombre de la Tour ! Le virus à couronne aurait-il aussi contribué à faire tomber le roi ? Que nenni ! Ou du moins, pas si vite... Après quelques semaines d'un suspense qui n'en était pas vraiment un, Hervé Mariton, le 22 novembre, fait appel du jugement devant le Conseil d'État. À situation exceptionnelle, estime le maire de Crest, mesures exceptionnelles : d'où le Ciné drive-in ; d'où la tombola pour les commerces locaux. Et d'où, aussi, la hausse subite du budget participatif ? D'où également la profusion de communications municipales ? Ce n'est en tout cas pas ce qu'a jugé le tribunal en première instance.

Bientôt, le juge administratif suprême tranchera. Sans doute entre le mois de mars et le mois de mai 2021. Avec, au final, deux scénarios possibles : soit le maintien du conseil municipal issu du scrutin du 28 juin ; soit sa dissolution, et l'organisation d'un nouveau vote.

Bref, si 2020 fut une année si imprévisible, trépidante et, parfois, inquiétante, il y a fort à parier que 2021 pourrait aussi se plaire à nous surprendre. Pour le meilleur peut-être. Mais croisons les doigts. Car ce pourrait aussi être pour le pire.

Martin Chouraqui

Article publié dans Le Crestois du 8 janvier 2021

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