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Au fait, c’est quoi le genre ?

Tribune du 21 mai 2021 de Céline Mouzon.

En découvrant dans Le Crestois du 7 mai le texte de René Bergier, mon sang n’a fait qu’un tour, j’ai vu rouge et fait une petite compulsion alimentaire. Si j’ai décidé de prendre la peine d’écrire un texte, ce n’est pas pour répondre à M. Bergier. Ce n’est pas non plus pour interpeller Le Crestois. Par tradition, le journal de la vallée publie tout ce que ses lecteurs lui envoient. Il semble considérer que le féminisme et les questions de genre et de sexualité sont une affaire d’opinion personnelle, et juge courageusement qu’en la matière, elles se valent toutes. Dès lors, sur ces sujets, les tribunes où l’indigence le dispute à l’ignorance se suivent et se ressemblent.

Si j’ai souhaité moi aussi proposer une contribution, c’est pour m’adresser à tou.t.e.s les autres lecteurs et lectrices, celles et ceux qui ne sont pas convaincu.e.s par de tels discours sans avoir nécessairement les arguments pour y répondre, les parents d’enfants queers, trans, intersexes, non binaires, etc., et bien sûr, tous.tes mes camarades féministes et/ou déviantes de genre, pour dire haut et fort que non, on ne laisse pas écrire de telles inepties sans apporter nous aussi nos arguments.

LE GENRE, UN CONCEPT ANCIEN RETRAVAILLÉ

Qu’est-ce que le genre ? C’est un concept qui apparaît dans les années 1950 sous la plume de médecins et psychologues travaillant avec des personnes intersexes et transgenres, et que les anthropologues et sociologues féministes se réapproprient dans les années 1970 en lui donnant un sens différent.

À l’origine, le terme sert à distinguer ce qui, dans la division entre les sexes, relève du psychologique ou du social plutôt que du biologique ; ce sens perdure aujourd’hui dans le langage courant. Les chercheuses féministes vont plus loin et utilisent le terme pour nommer un principe fondamental de l’organisation de la société qui est la division binaire des sexes, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre (les toilettes publiques hommes/ femmes, les numéros 1 et 2 des cartes de sécurité sociale, etc.) et ses effets. Car cette bipartition du monde donne lieu à des hiérarchies : on valorise la force, associée aux hommes, sur la faiblesse, associée aux femmes, la rationalité, associée aux hommes, sur l’émotivité, associée aux femmes, et ainsi de suite...

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Tribune publiée dans Le Crestois du 21 mai 2021

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