Tribune du 28 maiI 2021 de Nicolas Fourest, professeur de philosophie.

Dans sa chronique très vaccino-sceptique du vendredi 21 mai, Vincent Meyer dénonce les peurs, soi-disant « orchestrées », dont l'adhésion à la vaccination serait l'expression, suggérant par là même que la rationalité serait le privilège des discours alternatifs. Cette présentation des choses mérite d'être mise en question.

Il est vrai que la peur du virus existe bien, justifiée dans une certaine mesure, mais celle du vaccin est tout autant une réalité : comme toute peur, elle menace le jugement, fausse l'évaluation du risque et précipite parfois vers un plus grand danger. Les données scientifiques sont pourtant claires : les risques individuels et collectifs induits par le virus l'emportent considérablement sur les risques infimes de la vaccination ; mais des réticences demeurent. Il ne s'agit pas ici de juger des comportements, mais de noter que la peur est rarement une motivation assumée : qu'elle soit spontanée ou provoquée, fondée ou fantasmée, elle a besoin de se cacher derrière des justifications en apparence rationnelles...

Tribune publiée dans Le Crestois du 28 mai 2021