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L'histoire du journal et de l'imprimerie

Index de l'article

L’histoire du journal commence en mai 1900. Celui qui va en écrire les premières pages est Joseph "Salem" Bruyère, mon arrière grand-père.
 
 
 

Ce fondateur du Crestois n’est alors ni imprimeur ni journaliste de métier. La raison pour laquelle il va créer ce journal, tient essentiellement à son engagement politique et idéologique. C’est un ardent défenseur des positions catholiques à cette époque conflictuelle de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, de la création de l’école publique "laïque". Militant et polémique, son ton, comme ses idées, sont fermes et sans grandes nuances.
 
 
Au tout début du journal, selon les témoignages familiaux, l’imprimerie en tant qu’unité de production autonome, dotée du matériel nécessaire n’existait pas encore. La rédaction se faisait dans les greniers, seule partie libre de la maison à l’époque. Une partie de la composition a dû commencer à partager la place, à côté des alambics et des fûts de la distillerie de ce fondateur.
 
Le journal s’installe progressivement durant ces premières années du XXe siècle. Il ne manque pas de dénoncer les erreurs du gouvernement, ou des élus qui le soutiennent dans la région. Il s’éleve avec force contre la fermeture des écoles catholiques, l’expulsion et le jugement des Pères Capuçins de Crest (qui constituera un véritable feuilleton dans les années 1903 à 1905). Le grand rassemblement catholique du congrès eucharistique de 1913 sera largement traité.
Pendant ces années sont lancés d’autres «produits» comme «la Collection du Diois Illustré», alliant informations, articles politiques de fond, romans et feuilletons, proposant une série de photos des villages de la vallée, des «phototypies» constituant une collection originale et recherchée de cartes postales.
Le Crestois a réussi à faire sa place, il faut le pérenniser. Pour cela J.S. Bruyère approchant la soixantaine, doit trouver un successeur digne de confiance ; ce sera Claude Pluvy, originaire de Larajasse (Rhône). Son futur gendre, et mon grand-père, épouse sa fille, Marthe-Marie Bruyère en 1911 et prend la relève dès 1913. Il assure la direction du Crestois avec celle de l’imprimerie qui, quelques années après la création du Crestois, fut installée dans la maison familiale pour permettre la réalisation du journal en interne. Le départ de Claude Pluvy pour la guerre de 14-18 et sa captivité jusqu’à la fin de celle-ci, amènent le fondateur et sa fille, à assurer la poursuite du journal jusqu’à son retour.
 
 
 

C’est donc à partir de 1919 que Claude Pluvy, prendra définitivement la direction. Le journal va se développer et avec lui l’imprimerie.
 
Claude Pluvy donne au journal un autre ton. Catholique toujours, mais plus large d’esprit et beaucoup plus social. Inscrit dans le courant exprimé par "Le Sillon" ou "les Chroniques Sociales", ce catholicisme social fécond de l’entre-deux guerres, souhaite se rapprocher des préoccupations du terrain et des difficultés du peuple "de la France d’en bas" dirait-on en 2004. Un mouvement proposant d’autres réflexions dont Claude Pluvy sera un ardent défenseur. Il fera connaître ces idées en reprenant régulièrement à la «Une» des articles parus sous la plume de penseurs, journalistes ou écrivains connus. Catholique convaincu, il publie souvent les messages les plus sociaux des textes pontificaux. Et ses écrits feront le lien entre les idées nationales ou pontificales et la réalité locale. Selon cette même tradition, il est clairement opposé au "bolchevisme" du début du siècle, de façon plus contemporaine, le communisme. Il dénonce, dès les années 30, les méfaits de ce système. Mais il est aussi très dur pour cet autre système, libéral celui-là, qui par ses excès et son manque d’attention aux plus défavorisés, suscite lui-même ses "révoltés" en ne répondant pas aux exigences du message chrétien. Son attention portée au monde à travers ses lectures et la radio, au-delà des articles ou extraits les plus instructifs qu’il reprend, donnent au journal un fond et une personnalité reconnus, même par ses adversaires politiques. Car Claude Pluvy n’hésite pas à s’engager, même si ses propos n’ont plus le côté sectaire de son beau-père. Il renvoie ainsi dos-à-dos communisme et fascisme. Il condamne l’extrême droite des «Ligues». Il choisit de soutenir dans le journal les partis ou les hommes qui correspondent le mieux à ses idées. Ce sera le Parti de l’Union Républicaine après la guerre de 14, le Parti Démocrate Populaire dans les années trente. Enfin, il s’engagera plus nettement, après la seconde guerre, dans les dernières années de sa vie, aux côtés du M.R.P.
 
Au cours de cette guerre de 1939-45, sous le régime de Vichy et l’occupation, Le Crestois va continuer de paraître. Comment va-t-il poursuivre sa publication dans cette période troublée et malgré tout garder son titre à la Libération ? Comment de plus, Claude Pluvy va-t-il figurer au sein du premier conseil municipal institué alors ? Les nécessités de faire vivre sa famille supposaient, malgré toutes les difficultés, que la parution continuât. Sa droiture d’esprit lui fit rejeter une collaboration autre qu’obligée avec un occupant dont il dénonçait, bien avant la guerre, les idées et les méthodes et s’il y eut bien sûr des écrits «fournis» sans grande possibilité de refus par les autorités de Vichy, il y eut aussi des textes qui, malgré la censure, et sous les mots admis de la foi catholique, appelaient, à défaut d’une impubliable résistance, à une prise de conscience de la solidarité nécessaire. Il y eut aussi, je le crois à travers quelques propos transmis, un comportement discret et courageux «d’honnête homme»... Ceci expliquant sans doute que les juges de l’après-guerre non seulement ne lui aient pas interdit de poursuivre ce journal sous son titre, mais l’aient associé à la nouvelle équipe municipale. Au-delà de la reconnaissance de qualités personnelles, ce choix tenait sûrement à une volonté de rassemblement des composantes «politiquement acceptables», les représentants de la bourgeoisie catholique n’étant pas si nombreux à avoir gardé leurs distances avec le régime de Vichy.
 
Les dernières années du Crestois sont aussi celles où l’activité de l’entreprise, comme beaucoup au lendemain de la guerre, s’avère dure à relancer. Le matériel est usé, Claude Pluvy, frappé par la maladie meurt le 17 janvier 1950, le jour de ma naissance.

Sa veuve, Marthe Pluvy, poursuivra l’oeuvre de son père et de son mari. Elle trouve appui auprès de ses deux gendres, Michel Bourde et Roger Jacquemin, et d’un autre parent, Roland Bruyère. Des efforts sont faits pour améliorer la clientèle imprimerie et son résultat, assez vite réduits à néant par la vétusté du matériel et la charge financière pesant sur l’entreprise, qui a dû souscrire un prêt important au moment de son redémarrage après la guerre. La rédaction du journal reste le point faible et, faute d’informations locales, l’intérêt du lectorat pour le Journal diminue. Marthe Pluvy confiera la responsablilité du journal en 1964, à sa fille Claudette qui reprend la gestion de l’entreprise avec son mari Michel Bourde. Mais ces années passées n’auront pas arrangé la situation, financièrement mauvaise, les ventes du journal se situent autour de 500 exemplaires et il est impossible de renouveler un matériel qui en a grand besoin.
Commenceront alors pour mes parents, Claudette et Michel Bourde de longues années de «galère». Les efforts faits servent à boucher les trous. Pourtant, leur travail finit par porter ses fruits. Les informations locales augmentent peu à peu grâce aux contacts qu’ils savent prendre à Crest et dans les communes à l’entour. Les ventes du journal remontent à plus de 1700 dès les années 70. Je ne pourrais oublier les heures difficiles qu’ils ont passées. Les nuits blanches des «veilles de journal» jusqu’au tirage, harassant, vers les 4 ou 5 h. du matin sur la vieille presse qui faisait vibrer le sol (et se plaindre une voisine) et pour finir au point du jour par une séance de pliage manuel «contre la montre » afin d’arriver à une livraison à la poste dans la limite des délais, suivie d’une tournée des dépôts à vélo.
J’oublierai encore moins l’angoisse et les humiliations répétées des «fins de mois» que supposaient les entrevue régulières avec des banquiers, logiquement lassés de cette quasi permanente position des comptes «dans le rouge». La résorption de ce découvert bancaire et des annuités de prêts absorbèrent tant de leur énergie que je me demande toujours comment ils ont tenu si longtemps en ne voyant jamais le fruit de leurs efforts. C’est aussi pourquoi en 1971, ma licence en poche, la phlébite de mon père m’ayant amené à venir travailler régulièrement avec eux, et voyant que mes projets d’école de journalisme ne se réaliseraient qu’au détriment de l’entreprise familiale, je décidais de ne pas les laisser continuer seuls. Le journal remontait la pente et si la santé de l’entreprise était encore très limite, mon arrivée comme travailleur polyvalent jeune et motivé, allait leur donner le coup de pouce qui manquait et leur permettait, enfin, de souffler un peu.
   
 
 

Après l’amélioration du contenu rédactionnel du journal, le second chantier qui s’imposait de manière urgente était de doter l’imprimerie d’un matériel plus adapté. Après la presse-cylindre Koenig et Bauer, ce fut l’acquisition d’une Linotype, puis d’une seconde. En évoquant ces dernières années du «plomb», il faut citer Madame Barret, notre voisine et employée façonnière et les compositrices qui ont secondé mes parents. Pourquoi toutes des femmes? Je n’ai jamais posé la question. Je me souviens de la fierté de mon père qui avait formé Monique Gauthier, la première «typote» de la Drôme à obtenir ce difficile CAP de compositrice devant pas mal d’hommes. Avec elle, sa soeur, Pierrette, et aussi Mmes Duron, Suzanne Fogeron (Brocard), Marie-Claire Pinet, Nicole Ranchin, Anne Augier, Chantal Grimaud, Laure Chapignac, Sonia Bassigalupi... Le premier opérateur linotypiste (hors famille) fut Fabien Sylvain, qui devait aussi être le premier à passer du plomb à l’écran de la CR-Tronic, première photocomposeuse de 3me génération de Linotype. Les autres «hommes du plomb» furent notamment André Michelon et, avant lui, Jean Coche. Sans oublier Roland Bruyère, qui resta avec mon père jusque dans les années 70.
 
Pour mieux illustrer le journal, la nouvelle technique des photopolymères, d’abord gravées à l’alcool, puis à l’eau, fut, avec l’indispensable labo pour réaliser les films, un autre investissement important. Mais il fallait songer à l’offset, d’autant plus incontournable que les systèmes de «photocomposition» commençaient à devenir abordables. En 1982, ce fut l’achat de la première offset, une Heidelberg KOR, pour se roder à la nouvelle technique et juger du marché possible pour l’autre partie de l’activité de l’entreprise, l’imprimerie. Avec elle, Philippe Izier entrait au Crestois. Suivit l’arrivée d’une presse offset grand format pour imprimer le journal et d’un système de photocomposition moderne. Un pari, car l’investissement était important et les fonds propres, encore négatifs, rendaient difficile de plaider le dossier auprès des banques. Cela put se faire quand même grâce à la bonne solution existant à l’époque du «prêt participatif simplifié». La réussite de cette opération pariait sur un développement rapide du journal et de l’imprimerie, visant à doubler le chiffre d’affaires et la rentabilité en moins de 4 ans. Pour cela, Le Crestois (4 personnes plus mon père près de la retraite) devait renforcer son équipe d’un comptable et d’un commercial. Le premier, Jean- François Fulachier, remplacé en 1985 par Martine Moullet, relayait mon père. Le second, Jean-Paul Peraldo comme commercial. Et me permettait de me concentrer (en plus de la rédaction du journal) sur la mise en oeuvre de ces nouveaux matériels et techniques.
Un autre remerciement, celui-ci adressé à tous les lecteurs du Crestois. On le leur doit par principe, car ce sont eux qui font vivre le journal. Mais, en 1984, ils furent plus que des acheteurs fidèles : ils ont été de vrais partenaires. Nous leur en serons toujours reconnaissants. Ainsi, dès 1984 arrivait-on à une diffusion de 3800 exemplaires qui allait continuer à progresser.
D’autres étapes techniques allaient être franchies. En 1987, l’introduction de la PAO (Publication Assisté par Ordinateur) et des premiers ordinateurs «Mac» équipés de logiciels de mise en page. Ils allaient offrir au journal comme à l’imprimerie une facilité et une rapidité appréciables.

Ce fut aussi l’arrivée en 1985 de Jacques Plan, conducteur expérimenté aux conseils précieux ; et en 1988, de Francis Fayard, féru d’informatique et de P.A.O. qui allait continuer à faire progresser cette nouvelle technique au sein de l’entreprise jusqu’à la création du site internet aujourd’hui. Jeanine Conin, façonnière, venait remplacer Christiane Jacquemin. Ce fut aussi l’arrivée d’Annie Liotard, en 1988, opératrice PAO du journal et trait d’union irremplaçable avec les correspondants, qui assure aussi la page «Sortir».
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En 1992, ce fut l’agrandissement, sur les derniers mètres de terrain derrière l’imprimerie pour abriter la nouvelle offset, qui permettait au journal d’agrandir son format, passant en septembre 1992 à celui qu’il connaît encore aujourd’hui. En 1993 Cécilia Boissy venait apporter ses talents graphiques. A son départ, c’était l’arrivée en 2001 de Benoît Chiron, aussi motivé et créatif. Au départ de Mme Conin, en 97, c’est Maria Jimenez, d’abord à mi-temps, puis seule après le départ d’Anne-Marie Raillon, qui prit avec sérieux la succession de ce secteur façonnage (finition des travaux d’imprimerie) avec le pliage et l’expédition du journal.
Côté administratif et comptable, Martine Moullet, qui, avec une grande rigueur et un engagement considérable, avait assuré seule ce secteur névralgique de l’entreprise pendant 15 ans, face au développement de l’activité, reçoit en 2000, le renfort apprécié de notre nouvelle secrétaire comptable saillansonne : Christine Cagnelle. Côté rédaction, en plus de collaborations ponctuelles, dont celle de l’ami Jean-Louis Brun pour divers articles sur l’histoire locale, notre collègue Joël Sylvestre apporta pendant des années un renfort précieux. Au rang des chroniqueurs et collaborateurs, citons Jean-Noël Couriol, historien de talent, tout comme Robert Serre aujourd’hui. Et Claude Amic, dont le billet «poil à gratter» du fameux Maki, depuis vingt ans, suscite autant de réactions. N’oublions pas les dessinateurs, occasionnels, ou attitrés comme Jacques Mourier, alias «M. tout le Monde». Quant à l’équipe de journalistes, elle s’est renforcée, d’abord avec l’arrivée en 1993 de «J.D.P.» Jean-Dominique Peyneau. Puis d’Alain Voreppe en 1997, reporter photographe tous terrains, connu de tout ce qui fait la vie locale et la connaissant tout autant.
 


Pour conclure avec les dernières évolutions de l’Imprimerie et du Journal, un autre grand pas fut franchi en 1998, avec l’installation de la première presse 4 couleurs : une GTO 4 à pupitre électronique. Meilleure façon de donner à l’entreprise les moyens de continuer à développer son marché en luttant contre des prix de plus en plus bas. Elle permettait aussi au journal de proposer ses premiers encarts en couleur avec toute la souplesse nécessaire. En parallèle, la mise à niveau constante du matériel informatique et des moyens de reprographie connectée, noir et couleur, assuraient des réponses rapides et adaptées aux nouveaux petits marchés des documents, préparés en direct par les clients.

En 2003, il a fallu s’équiper d’une Komori robotisée, 2 couleurs à retiration, assurant l’impression de 4 pages du journal ou de doubles pages couleur avec une grande rapidité d’exécution ainsi que d’une assembleuse automatique grand format (Maxima) qui simplifie beaucoup l’assemblage du journal.
En 2007, nous avons «poussé les murs» afin de déplacer la partie PAO et impression numérique pour anticiper l’arrivée (en 2008) d’une nouvelle presse offset Heidelberg 4 couleurs (en remplacement de la Komori).
 
2008 fut une année charnière avec de plus l’installation d’un CTP (computer to plate) système permettant la création directement de plaques offset via le réseau informatique supprimant l’ancien procédé de développement qui obligait l’utilisation de produits chimiques.
 


Grâce à ces différentes évolutions nous assurons une bonne gestion de nos déchets dangereux et nous pouvons arborer maintenant le label «imprim’vert» qui prouve notre attachement au respect de l’environnement.
 
 
Enfin, le troisième volet est lié aux nouvelles technologies de communication : messagerie électronique, photo numérique et création du site internet. En réflexion depuis quelques années au sein de l’équipe du Crestois, ce site se devait d’être plus qu’une simple vitrine, plus ou moins bien mise à jour, comme on en voit trop. Il doit faire connaître les capacités de l’imprimerie et en donner une bonne image. Il doit apporter au journal une complémentarité active, vivante, prolongeant avec la rapidité et la spécificité des outils électroniques, son rôle de forum et de point information au service des habitants de la région. Avec des archives images ou documents montrant toute la richesse de cette vie locale. Enfin, il doit être un moyen de mise en réseau le plus simple et utile possible pour aider à l’information et à la réflexion de tous. Avec le temps et l’évolution des modes de lecture, ce «couple» site internet-journal papier connaîtra sans doute d’autres transformations. L’important est que vous puissiez disposer des deux outils pour être ainsi un citoyen informé, responsable et acteur de son avenir.
 
Qu’il s’agisse des journalistes ou des techniciens de l’imprimerie, leur rôle, en 1900 comme en 2004, est de vous apporter les meilleures solutions pour vous aider à mieux communiquer. Ils partagent le même souci de répondre au mieux à vos demandes, marquées par la rapidité et la complexité accrues qu’impose le monde moderne. Au service de tous les lecteurs du journal et de tous les clients de l’imprimerie, ils ont ainsi permis à l’entreprise d’être ce qu’elle est aujourd’hui et construisent ensemble ce qu’elle sera demain.

Claude Bourde

ISSN 2669-736X - CPPAP 0326Y94145

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