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L'histoire du journal et de l'imprimerie - A partir de 1919

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C’est donc à partir de 1919 que Claude Pluvy, prendra définitivement la direction. Le journal va se développer et avec lui l’imprimerie.
 
Claude Pluvy donne au journal un autre ton. Catholique toujours, mais plus large d’esprit et beaucoup plus social. Inscrit dans le courant exprimé par "Le Sillon" ou "les Chroniques Sociales", ce catholicisme social fécond de l’entre-deux guerres, souhaite se rapprocher des préoccupations du terrain et des difficultés du peuple "de la France d’en bas" dirait-on en 2004. Un mouvement proposant d’autres réflexions dont Claude Pluvy sera un ardent défenseur. Il fera connaître ces idées en reprenant régulièrement à la «Une» des articles parus sous la plume de penseurs, journalistes ou écrivains connus. Catholique convaincu, il publie souvent les messages les plus sociaux des textes pontificaux. Et ses écrits feront le lien entre les idées nationales ou pontificales et la réalité locale. Selon cette même tradition, il est clairement opposé au "bolchevisme" du début du siècle, de façon plus contemporaine, le communisme. Il dénonce, dès les années 30, les méfaits de ce système. Mais il est aussi très dur pour cet autre système, libéral celui-là, qui par ses excès et son manque d’attention aux plus défavorisés, suscite lui-même ses "révoltés" en ne répondant pas aux exigences du message chrétien. Son attention portée au monde à travers ses lectures et la radio, au-delà des articles ou extraits les plus instructifs qu’il reprend, donnent au journal un fond et une personnalité reconnus, même par ses adversaires politiques. Car Claude Pluvy n’hésite pas à s’engager, même si ses propos n’ont plus le côté sectaire de son beau-père. Il renvoie ainsi dos-à-dos communisme et fascisme. Il condamne l’extrême droite des «Ligues». Il choisit de soutenir dans le journal les partis ou les hommes qui correspondent le mieux à ses idées. Ce sera le Parti de l’Union Républicaine après la guerre de 14, le Parti Démocrate Populaire dans les années trente. Enfin, il s’engagera plus nettement, après la seconde guerre, dans les dernières années de sa vie, aux côtés du M.R.P.
 
Au cours de cette guerre de 1939-45, sous le régime de Vichy et l’occupation, Le Crestois va continuer de paraître. Comment va-t-il poursuivre sa publication dans cette période troublée et malgré tout garder son titre à la Libération ? Comment de plus, Claude Pluvy va-t-il figurer au sein du premier conseil municipal institué alors ? Les nécessités de faire vivre sa famille supposaient, malgré toutes les difficultés, que la parution continuât. Sa droiture d’esprit lui fit rejeter une collaboration autre qu’obligée avec un occupant dont il dénonçait, bien avant la guerre, les idées et les méthodes et s’il y eut bien sûr des écrits «fournis» sans grande possibilité de refus par les autorités de Vichy, il y eut aussi des textes qui, malgré la censure, et sous les mots admis de la foi catholique, appelaient, à défaut d’une impubliable résistance, à une prise de conscience de la solidarité nécessaire. Il y eut aussi, je le crois à travers quelques propos transmis, un comportement discret et courageux «d’honnête homme»... Ceci expliquant sans doute que les juges de l’après-guerre non seulement ne lui aient pas interdit de poursuivre ce journal sous son titre, mais l’aient associé à la nouvelle équipe municipale. Au-delà de la reconnaissance de qualités personnelles, ce choix tenait sûrement à une volonté de rassemblement des composantes «politiquement acceptables», les représentants de la bourgeoisie catholique n’étant pas si nombreux à avoir gardé leurs distances avec le régime de Vichy.
 
Les dernières années du Crestois sont aussi celles où l’activité de l’entreprise, comme beaucoup au lendemain de la guerre, s’avère dure à relancer. Le matériel est usé, Claude Pluvy, frappé par la maladie meurt le 17 janvier 1950, le jour de ma naissance.

Sa veuve, Marthe Pluvy, poursuivra l’oeuvre de son père et de son mari. Elle trouve appui auprès de ses deux gendres, Michel Bourde et Roger Jacquemin, et d’un autre parent, Roland Bruyère. Des efforts sont faits pour améliorer la clientèle imprimerie et son résultat, assez vite réduits à néant par la vétusté du matériel et la charge financière pesant sur l’entreprise, qui a dû souscrire un prêt important au moment de son redémarrage après la guerre. La rédaction du journal reste le point faible et, faute d’informations locales, l’intérêt du lectorat pour le Journal diminue. Marthe Pluvy confiera la responsablilité du journal en 1964, à sa fille Claudette qui reprend la gestion de l’entreprise avec son mari Michel Bourde. Mais ces années passées n’auront pas arrangé la situation, financièrement mauvaise, les ventes du journal se situent autour de 500 exemplaires et il est impossible de renouveler un matériel qui en a grand besoin.
Commenceront alors pour mes parents, Claudette et Michel Bourde de longues années de «galère». Les efforts faits servent à boucher les trous. Pourtant, leur travail finit par porter ses fruits. Les informations locales augmentent peu à peu grâce aux contacts qu’ils savent prendre à Crest et dans les communes à l’entour. Les ventes du journal remontent à plus de 1700 dès les années 70. Je ne pourrais oublier les heures difficiles qu’ils ont passées. Les nuits blanches des «veilles de journal» jusqu’au tirage, harassant, vers les 4 ou 5 h. du matin sur la vieille presse qui faisait vibrer le sol (et se plaindre une voisine) et pour finir au point du jour par une séance de pliage manuel «contre la montre » afin d’arriver à une livraison à la poste dans la limite des délais, suivie d’une tournée des dépôts à vélo.
J’oublierai encore moins l’angoisse et les humiliations répétées des «fins de mois» que supposaient les entrevue régulières avec des banquiers, logiquement lassés de cette quasi permanente position des comptes «dans le rouge». La résorption de ce découvert bancaire et des annuités de prêts absorbèrent tant de leur énergie que je me demande toujours comment ils ont tenu si longtemps en ne voyant jamais le fruit de leurs efforts. C’est aussi pourquoi en 1971, ma licence en poche, la phlébite de mon père m’ayant amené à venir travailler régulièrement avec eux, et voyant que mes projets d’école de journalisme ne se réaliseraient qu’au détriment de l’entreprise familiale, je décidais de ne pas les laisser continuer seuls. Le journal remontait la pente et si la santé de l’entreprise était encore très limite, mon arrivée comme travailleur polyvalent jeune et motivé, allait leur donner le coup de pouce qui manquait et leur permettait, enfin, de souffler un peu.
   
 
 

ISSN 2669-736X - CPPAP 0326Y94145

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