Andrew Bird - My Finest Work Yet (2019)
En 2022, à l’occasion de la sortie de son nouvel album, je vous avais déjà parlé dans ces colonnes d’Andrew Bird, ce formidable songwriter américain. Mais c’est d’un disque plus ancien, sorti trois ans plus tôt, qu'il sera question ici.
Bird est un drôle d’artiste, emblématique de la scène indépendante “Arty” américaine. Multi-instrumentiste, chanteur et siffleur, il n’a eu de cesse de publier, depuis 1996, une quantité impressionnante d’albums pop-folk élégants, teintés de classique, de jazz, de rock ou de blues.
Sorti en 2019, My Finest Work Yet (« Mon plus beau travail à ce jour ») est, comme son nom l’indique, un disque que l’artiste considère lui-même (avec vanité ou auto-dérision... on ne sait pas) comme le plus grand de toute sa discographie. Et à l’écoute de l’œuvre, il est en effet difficile de lui donner tort !
Enregistré par Paul Butler (le producteur de Michael Kiwanuka, Devendra Banhart…) à Los Angeles, dans des conditions live, sans casque ni séparation, créant ainsi un son où tous les instruments s’entremêlent dans les micros de chacun, voilà un disque résolument pop qui procure un bien fou et s’écoute en boucle.
L’album attaque directement par les deux singles prévus pour la radio. Tout d’abord Sisyphus, une chanson de haute volée, entre sifflements de western spagetthi, six cordes envoûtantes et chant aérien, puis Bloodless, plus solaire et aux forts accents jazzy.
Après une telle entrée en matière, on pourrait croire que l’artiste a livré le meilleur et que le soufflet va retomber. Il n’en est rien : les titres suivants sont du même niveau, s’enchaînant naturellement avec une grâce et une fluidité surprenante.
Mention spéciale pour Manifest, à mon sens la plus belle chanson de l’album, qui m’a complètement ensorcelé : en venant travailler le matin au journal, il passe en boucle dans ma voiture ! Un titre qui nous rappelle la prédilection d’Andrew Bird pour le violon, dont il est diplomé par un prestigieux Conservatoire de musique américain.
Mais si la musique nous fait planer, les paroles des chansons sont cinglantes. Elles fustigent à tout va la situation politique et sociale américaine de ces dernieres années. L’artiste porte un regard triste et désabusé sur le monde qui l’entoure. Ainsi, Bloodless, écrite au lendemain de l’élection de Donald Trump, ou Bellevue Bridge Club qui fait écho au mouvement #MeToo.
Orchestrations luxueuses, sifflements joyeux, mélodies envoutantes, paroles pertinentes... tous les ingrédients sont réunis pour une œuvre majeure dans la discographie de l’artiste. Alors quand Andrew Bird vous dit qu’il s’agit là de son plus beau travail, vous pouvez le croire !
Philippe Multeau
ANDREW BIRD - My Finest Work Yet (2019)
Disponible en vinyle, CD et numérique