Une exposition photographique retrace le travail du patron historique du Crestois, imprimerie et journal.

Claude, car tout le monde l’appelait « Claude », c’était cet enfant du pays, passionné de lettres et de grand air, cet amoureux des gens vrais, respectueux des valeurs humaines et humanistes.

Il arrivait sur un évènement avec discrétion, se garant comme il pouvait, et se faufilait dans la foule pour saisir l’instant. C’était une immense joie que de le voir arriver, l’évènement prenait une dimension, le journal s’en faisait le relais et de là, la fierté des participants de figurer dans les pages locales. Claude a laissé un fort témoignage de son activité avec des milliers de photographies. La lumière qui traverse les clichés, les expressions des visages dans l’inquiétude ou la joie, le partage ou la colère, sont encore vivants sur les planches créées à l’occasion de l’exposition « Claude Bourde, Journaliste, un citoyen avec un autre regard ». La promenade avec l’œil du photographe, au cœur d’un monde révolu en noir et blanc, invite à la rencontre de l’Homme.

Journaliste de 1971 à 2009, année de sa disparition, il avait pris la relève de son père Michel. Il a sillonné tout le territoire pendant plus de 30 ans. Ses premières photos immortalisent la Fête des Bouviers à Upie et Montoison. Il affectionnait tout particulièrement ces évènements locaux et empreints de tradition. On le retrouvait sur les faits qui ont bouleversé la Vallée. Ainsi, on reconnaîtra son regard sur l’achat de la forêt de Saoû, la fermeture de Pic’Grain, l’arrivée du TGV, … Claude Bourde, mais connaissait-on vraiment l’homme qui s’est mis au service de son territoire pour raconter la vie, celle qui dérange et celle qui réjouit, celle qui agace et celle qui laisse indifférent… ? Il a marqué les mémoires et reste l’image du Crestois. Sa silhouette furtive, sa grosse moustache, son éternel velours et sa chemise à carreaux, sa pipe et son appareil en bandoulière pourraient devenir des icônes du journal.

Depuis 2009 qu’il est parti, emporté par une maladie contre laquelle il a lutté de toutes ses forces, sa famille n’avait pas envisagé, en accord avec sa modestie, le mettre à l’honneur. Mais c’est Annie Liotard, secrétaire de rédaction du journal depuis près de 30 ans et membre actif des Amis du Vieux Crest, qui a suggéré cette exposition estivale à la Chapelle des Cordeliers, proposition retenue unanimement lors de l’Assemblée Générale.

Le choix des photos a été simplifié par un tri qu’avait fait Claude : il conservait dans des classeurs et archivait sur les 1^ers CD ROM tous les négatifs de ses reportages. Dès le début de l’ère numérique, il a su être réactif et savait qu’il devait avancer avec les nouvelles technologies. Il avait à ce titre équipé volontiers une correspondante travaillant encore en argentique d’un petit appareil numérique.

Dans ses choix, on retrouve également le Crest Jazz Vocal, les Nuits du Prieuré à Saillans et les Caprines (aujourd’hui disparues), le Carnaval de Crest,… C’est aussi les crues, qui ne sont pas si décennales que ça ! , les portraits des célébrités locales et des clichés insolites. Quelques articles de Claude parus dans Le Crestois accompagneront certaines photos comme autant de témoignages de la vie de la Vallée, et même des « coups de gueule » car il savait défendre ses convictions et être le témoin d’un évènement.

Avec le plus grand plaisir de l’entendre encore dans vos souvenirs, vous pourrez imaginer qu’il vous parle à l’oreille !

Corinne Lodier

Article publié dans Le Crestois du 4 août 2017

À lire également :

• Une retraite bien méritée pour Philippe Izier
• Robert Serre, une mémoire de la Drôme
• Ciao Coco !
• Au revoir Annie !
• Milo, notre maître Cappello, artiste cruciverbiste
• Aurélien Charle, l’historien des sports automobiles qui carbure au Crestois