Les actus à découvrir dans le journal de la Vallée

                

Une retraite bien méritée pour Philippe Izier

... après trente-sept ans de labeur passés au pied des machines, à l’imprimerie du Crestois.

À 20 ans, en 1977, il obtient un CAP mécanique et dessin industriel. Ce Crestois, né à Mirabel et Blacons, part à Grenoble pour travailler chez Dardelet, une très grosse imprimerie, pendant quelques mois. Puis travaille deux ans dans le dessin industriel et suit une formation en photogravure, avant d’avoir le mal du pays et de revenir à Crest. Il est embauché à l’imprimerie du Crestois en 1983. 

Philippe est de ceux qui se font discrets ; il passe d’une machine à l’autre sans bruit. S’inquiètant du travail à faire et de la manière de le «sortir» dans les temps. Il sait combien la modernité a simplifié ce secteur d’activité. Quand il est arrivé au Crestois, en 1983, il travaillait avec Michel et Claude Bourde, père et fils. C’était une époque où tout était fait à la main, dans des fourchettes horaires bien loin des 35h.! Car il fallait sortir le journal, en plus de tous les travaux d’imprimerie, sans ordinateur, ni internet. Un temps où les professionnels comme les particuliers faisaient confiance à l’artisan du coin. 

Le travail demandait de nombreuses manipulations. Il fallait faire des films avec un appareil d’1.5m de haut, « comme un gros appareil photo », et les développer. Ensuite les poser sur un banc de reproduction, sur une vitre. « Le film était posé sur un support de montage transparent, et sur un papier à l’envers. Une sacrée gymnastique de l’esprit. Puis venait le moment de poser le film sur la plaque Offset La plaque, sensible à la lumière de la lampe UV, révélait l’écriture ». Le cylindre de la presse offset permet de tout remettre à l’endroit, comme un gros tampon qui imprime sur le papier. 

Au Crestois, l’Offset est arrivée, en format 40x60, puis plus grande, dans les années 90, avec un format 70x100 cm. À cette époque, Claude faisait tout, il écrivait ce qui se passait sur la ville de Crest et les communes alentour avec l’aide des correspondants. Deux personnes tapaient les plombs (à l’envers), Michel, son papa, corrigeait et Claude imprimait. « En gros, Claude était capable de faire le journal tout seul ! » Toutefois, avec le nombre de manipulations nécessaires, une dizaine de personnes travaillaient à ses côtés. 

Les clients étaient nombreux à l’imprimerie ; c'était avant Internet : « Nous imprimions des factures, des devis, des papiers autocopiants, des cartes de visite et des cartes postales, des affiches, des dépliants… Le "fait local" était une vraie valeur »

L’imprimerie s’est agrandie à la place du jardin dans les années 90.  « C’était la révolution ! » Avant ce nouvel aménagement, cinq à six personnes venaient assembler les feuilles du journal, les plier en cahier, les couper et, pour les abonnés, mettre les bandes... C’était tous les jeudis soir, jusqu’à tard dans la nuit. Puis Claude partait à 2h du matin porter les journaux à la poste et faisait, au petit matin, la tournée des diffuseurs et dépôts avant leur ouverture. 

La nouvelle assembleuse, la Maxima, a permis de donner du confort car le journal sort maintenant assemblé. La poste a demandé à être livrée de plus en plus tôt. En 2020, il faut que le journal soit dans leurs locaux le jeudi à 16h. En parallèle, le confort de travail s’est largement amélioré et, aujourd’hui, on sait, quasiment à la minute près, quand le journal est prêt : « Pour nous, les anciens, on se souvient des articles et photos de Claude, écrits et développés à 23h et le travail derrière, pour la mise en page. Désormais, nous avons une vie plus facile, plus de temps pour la vie privée, et une fourchette horaire définie, ce qui n'était pas possible avant ».

Durant sa carrière au sein de l’entreprise, Philippe s’est formé en informatique avec l’aide de Francis Fayard, nouveau collègue, qui a introduit cette technologie encore balbutiante au Crestois, en participant aux Salons des arts graphiques et de l'imprimerie et à des formations sur Paris et Lyon. Le Crestois a été l’une des premières entreprises à se servir de la PAO (Publication Assistée par Ordinateur) dans la Drôme.

Philippe a su s’adapter à chaque évolution technique de l’entreprise. C’était le "monsieur imprimerie". C’est lui qui monte, enfin, qui montait… à la rédaction du journal pour prendre des nouvelles des pages prêtes ou pas, auprès d’Annie Liotard, la secrétaire de rédaction. C’est elle qui “surveille” les journalistes pour que les articles nécessaires à l’avancée de l’impression du journal soient écrits dans les temps ! 

Philippe va maintenant prendre le temps de se poser et de profiter de sa famille. En couple avec Françoise, ils ont deux enfants, Victor, l’aîné, papa d’un petit Lucien de huit mois, et Constance. 

Il a fait beaucoup de sport, mais a dû mettre « la pédale douce » avec ses hobbies préférés, comme l’escalade, le ski ou l’escrime. Il va donc arpenter les routes avec son vélo ou la montagne, en randonnée. Il aime bien bricoler aussi.

En cette période de confinement, il a pu avoir un aperçu de la retraite, un mois et demi plus tôt que prévu : « Je découvre, je n’avais pas trop anticipé, mais je ne m’ennuie jamais ».

Philippe, toute l’équipe te souhaite une joyeuse retraite et attend de pied ferme le moment de fêter dignement cette belle carrière !

Corinne Lodier

Article publié dans Le Crestois du 15 mai 2020

 

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