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Rétrospective 2021 - Covid long ou Covid court ?

[ACCÈS LIBRE] Retour sur quatre saisons rythmées par les soubresauts de la vie politique locale et les aléas de la crise sanitaire. 2021, mieux vaut en rire qu’en pleurer !

Comme un air de déjà vu. Il y a un an tout pile, les premières doses de vaccin contre le coronavirus étaient livrées au compte-goutte dans la vallée de la Drôme. Un an plus tard, ce sont des troisièmes doses qu’on injecte à tour de bras. Début 2021, on arrivait au terme de la «deuxième vague» quand surgissait le variant anglais, poliment rebaptisé Alpha. On est aujourd’hui au creux d’une cinquième vague, inaugurée par un certain Delta et accélérée par son concurrent Omicron au point, s’inquiètent certains, d’en voir émerger une sixième... Un épuisant ressac qui a de quoi nous faire perdre notre latin (notre grec, en l’occurence) et, du même coup, la notion du temps ! Fort heureusement, en notre bon pays crestois, quelques repères nous permettent de ne pas perdre le Nord : une tour, une rivière, trois becs. Ouf !

Ces douze derniers mois, nous avons tenté, dans les colonnes du Crestois, de vous raconter par le menu cette drôle d’année en pointillé, rythmée par les aléas de la crise sanitaire, de confinements en couvrefeu, de fermeture des bars, restaurants, commerces et lieux de culture en limitation des rassemblements, de passe sanitaire en passe vaccinal... Fort heureusement pour vous (et pour nous), le cru 2021 ne fut pas pour autant avare de petites ni de grandes histoires plus strictement locales, quoi que le Covid n’était jamais bien loin...

Dès le mois de février, nous nous rendions à Paris pour vous raconter l’ultime épisode de la saga des élections municipales crestoises : le Conseil d’État, juridiction administrative suprême, se penchait le 10 février sur le recours déposé par Hervé Mariton, maire de Crest, contre la décision du tribunal administratif de Grenoble qui avait invalidé son élection à l’automne 2020. Sous les dorures du Palais Royal, le maire de Crest s’était présenté sans avocat pour entendre les conclusions du rapporteur public, un magistrat sensé éclairer les juges sur cette affaire qui risquait de lui coûter son sixième mandat.

conseil detat victoire mariton 2La salle du contentieux, au Palais Royal (MC)

Le rapporteur s’était dit «moins sévère» que le juge grenoblois, tout en épinglant M. Mariton sur deux points : la hausse subite du budget participatif (de 50000 à 70000 euros) et les prises de parole d’Hervé Mariton à l’occasion des séances de ciné drive-in, organisées entre les deux tours de l’élection. Pas de quoi pour autant « altérer la sincérité du scrutin », avait estimé le rapporteur public. Quelques jours plus tard, le Conseil d’État suivait son raisonnement et déclarait «valides» les résultats du scrutin municipal crestois. Une victoire éclatante du maire à laquelle nous avions consacré une mémorable une, qui nous valut autant de reproches que de compliments...

L’UNION FAIT LA FORCE ?

La veille de ce séisme politique, c’est un séisme technologique qui frappait le bassin crestois : dans la nuit du 15 au 16 février, un incendie volontaire mettait hors-service le centre de raccordement Orange de Crest et privait la vallée de connexion internet, contraignant 8000 abonnés à se rabattre pendant des semaines sur des clés 4G individuelles... Un acte de sabotage revendiqué par un obscur groupuscule autobaptisé « les lycanthropes » (loups-garous), engagé dans un « combat contre le techno-monde »... L’enquête judiciaire, menée conjointement par le parquet de Grenoble et celui de Valence n’a, à notre connaissance, pas encore abouti. Les loups-garous et les « chauves-souris » (les incendiaires isérois) courent toujours...

Loin des faits pas si « divers » que cela, le rythme politique tâchait difficilement de s’accorder avec celui de l’épidémie. Au printemps 2021 se lançait, dans une indifférence quasi-générale, la campagne des élections départementales, dont nous allions tenir la chronique jusqu’aux scrutins des 20 et 27 juin. Comme on pouvait le redouter, l’abstention, flirtant avec les 66% dans le département, en fut la grande gagnante. Le conseil départemental conserva sa présidente, Marie-Pierre Mouton (Les Républicains), qui renforça sa majorité, emportant 14 cantons sur 19.

Mais pas celui de Crest, où Muriel Paret repartait pour un nouveau mandat, après avoir changé de binôme et remplacé Jean Serret, maire d’Eurre et président de la Communauté de communes du Val de Drôme (CCVD), par Daniel Gilles, ancien maire de Saoû. Le groupe «La Drôme en commun », qui s’enorgueillissait d’avoir rassemblé tous les partis de gauche du département, exception faite de la France insoumise, se retrouvait finalement avec six élus sur trente-huit. À croire que «l’union» ne fait pas toujours la force...

lidl projet
Le projet de Lidl à Aouste (DR)

2021, ce fut aussi la suite de l’interminable série Lidl à Aouste, où l’enseigne de hard-discount tente de s’implanter depuis fin 2017, mais se heurte à la résistance de la municipalité de Denis Benoit. En avril dernier, le géant allemand lance un pavé dans la mare en proposant à la mairie d’organiser un référendum local. Une leçon de démocratie version grande distribution qui reçut une fin de non recevoir de la mairie... Après une pétition des «pro-lidl» et une manifestation des «anti», les élus municipaux, jusqu’alors unanimement opposés au projet de supermarché, ne lui disent ni oui ni non, lors du conseil municipal du 3 mai, avec 11 pour, 11 contre et un vote blanc. Une égalité qui permettra au maire de renvoyer la patate chaude à la préfecture: c’est en effet l’État qui sera invité à réunir une Commission départementale d’aménagement commerciale (CDAC) si Lidl s’aventurait à déposer une énième demande de permis de construire... À ce jour, l’épicerie géante allemande n’a pas redonné signe de vie, tandis que l’Épicerie géniale associative d’Aouste a célébré ses deux ans et continue son petit bonhomme de chemin...

PERSONA NON GRATA À LA MAIRIE DE CREST

On ne peut pas, en quelques lignes, résumer une année que cinquante numéros suffirent à peine à chroniquer. Je ne reviendrai donc pas sur l’histoire de Plan-de-Baix et de l’appétit immobilier de la Pensée sauvage, hôtel de luxe spécialisé dans la diététique et le jeûne ; ni sur les multiples apparitions du loup dans nos montagnes, nos vallées, jusqu’à l’orée des villes et villages. Ni, non plus, sur les remous du Cafébibliothèque de Chabrillan, les éoliennes de Puy-Saint-Martin, le vieux dossier des Lavandes, une résidence intergénérationnelle à Bourdeaux, les travaux sur la ligne TER, la dislocation de la ligne de bus 28, la triste fin des Capucins et des Clarisses, l’interminable chantier de la passerelle (on en voit le bout, paraît-il)... Sans compter les conseils communautaires et municipaux que nous nous astreignons, en bons moines copistes, à suivre avec rigueur pour vous conter les remous et les dessous de la scène politique locale, ses succès et ses déconvenues...

Je ne peux toutefois pas résister à l’envie de revenir sur un sujet qui ne manquera pas, dans les semaines et les mois à venir, de remonter à la surface, comme une odeur d’égout... Un sujet qui vaut aujourd’hui au Crestois d’être persona non grata à la mairie de Crest, sur décision du maire. Terminés, les pointspresses sur les actions de la Ville ; finies, les invitations aux divers événements organisés par la municipalité ; «full stop» aux échanges autrefois francs et cordiaux avec M.Mariton...

Le sujet tabou, c’est celui de l’assainissement. En septembre dernier, nous vous révélions la mise en demeure de la Ville de Crest par la préfecture de la Drôme. Un arrêté au coeur de l’été par le préfet sortant, Hugues Moutouh, ordonne à la ville de «procéder à la mise en conformité du système d’assainissement de collecte de la commune». Un ultimatum obligeant la municipalité à réaliser des travaux considérables sur son réseau d’assainissement (les tuyaux conduisant les eaux souillées depuis vos évacuations jusqu’à la station d’épuration) : 3,3 millions d’euros à dépenser d’ici fin 2023! Faute de quoi les services de l’État pourraient aller jusqu’à des «restrictions de l’urbanisme », nous indiquait la Direction départementale des territoires (DDT). Le but de cet avertissement : faire cesser les «déversements» d’eaux usées dans la Drôme qui sont autant de pollutions malvenues dans «une rivière phare du département », nous déclarait Isabelle Nuti, la directrice de la DDT.

assainissement 01La Drôme aux abords de la station d'assainissement du Crestois (MC)

LA DÎME OU LE DENIER ?

Ce qui à provoqué l’ire du maire de Crest, c’est, semble-t-il, lorsque nous avons rapporté, dans notre compte-rendu du conseil municipal du 27 septembre, que les élus de la majorité avaient décidé d’augmenter de 18% la «part variable» du prix de l’assainissement collectif pour les ménages qui y sont reliés (la part adossée à la consommation, soit en moyenne +13€ par an pour une consommation de 120m3). Une hausse de tarif difficile à justifier pour un maire qui défend, depuis plus de deux décennies, le principe de la non-augmentation des impôts locaux.

Soyons précis: cette hausse de la «redevance d’assainissement collectif» n’est pas une hausse d’impôts (nous ne l’avons d’ailleurs jamais écrit). En France, les collectivités locales disposent d’au moins trois leviers pour prélever le denier à leurs administrés. Premièrement : l’impôt, un prélèvement sans contrepartie qui vise à financer la charge publique dans son ensemble (par exemple la taxe foncière qui, comme son nom ne l’indique pas, est un impôt et non une taxe). Deuxièmement : la taxe, dont le produit est affecté à une dépense spécifique (comme par exemple la taxe sur les ordures ménagères). Et enfin, la redevance, qui permet de financer réellement un service rendu (par exemple, la redevance sur le service de l’eau). Celles et ceux d’entre vous qui ont connu les autoroutes publiques se souviendront peut-être que les péages étaient alors des lieux de prélèvement de redevances, dont le prix dépendait du coût du service rendu (le maire de Crest en sait quelque chose puisqu’il a oeuvré à leur privatisation en tant que député).

Peu importe le bout par lequel on prend le sujet (ou le tuyau), le prix de l’assainissement augmentera dès janvier 2022 à Crest afin de rembourser l’emprunt nécessaire au financement des travaux sur le réseau exigés par les services de l’État (sans oublier les intérêts de la dette). La suite de l’histoire, elle, reste à écrire.

Pour conclure, un mot sur toutes ces histoires que nous n’avons pas eu le temps de vous raconter. Un seul exemple (parce qu’on nous reproche parfois d’écrire trop long) : la stupéfiante découverte, dans le quartier Saint-Antoine, à Crest, d’une halte de chasse préhistorique datant de l’époque gravettienne, datée entre 28000 et 26000 ans avant le temps présent ! Une découverte exceptionnelle de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) sur laquelle nous ne manquerons pas de revenir d’ici quelques mois, voire quelques années, sinon... quelques siècles. En matière de préhistoire, on n’est finalement pas si pressé que cela!

Et si vous souhaitez que Le-Crestois continue de vous donner des nouvelles de la vallée et de ses villages, il n’y a pas trente-six solutions : il faut le lire, l’acheter chez vos marchands de journaux préférés, vous abonner, vous ré-abonner, abonner vos parents, vos amis, vos entreprises ! Il faut aussi recourir aux services de notre imprimerie artisanale unique en son genre qui, certes, coûte plus cher qu’internet, mais offre un accompagnement de nos clients incomparable face à ses concurrents numériques qui cassent les prix de manière déraisonnable... La période est difficile et nous avons besoin de vous, peut-être plus que jamais. Pensez à nous ! Meilleurs voeux à tous et toutes ! Et restons optimistes! Ça ne peut pas faire de mal...

Martin Chouraqui

P.S. : Une contrepèterie se cache dans cet article.

Article publié dans Le Crestois du 7 janvier 2022

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